Aucun résident en fin de cycle n'aura donc pris le risque de boycotter, au grand dam du Camra qui misait sur un éventuel nouveau «boycott» afin de retrouver un second souffle et reprendre une hypothétique grève... C'est, hier, qu'a débuté la session de rattrapage de l'examen du diplôme d'études médicales spécialisées (Dems) qui se déroulera jusqu'au 19 du mois en cours. Les pédiatres, les réanimateurs ainsi que les dermatologues ont ouvert le bal! Comme c'était prévu, l'examen s'est passé sans encombres. Aucun «DEMsiste» n'aura boycotté cette session de la dernière chance, du fait que les autorités ont annoncé qu'il n'y en aura pas d'autres après celle-là. Aucun résident en fin de cycle n'aura donc pris le risque de refaire le coup des deux précédentes sessions, au grand dam du Camra (Collectif autonome des médecins résidents algériens) qui misait sur un éventuel nouveau «boycott» afin de retrouver un second souffle. Mais rien ne fut! «On n'allait pas prendre le risque de boycotter encore une fois alors que l'on sait très bien que le mouvement en général et le Camra en particulier est mort», confie un futur pédiatre qui assume parfaitement son choix d'avoir passé l'examen. «Je ne suis pas le seul. Aucun DEMsiste ne boycottera cette session. Un petit doute subsistait encore mais qui s'est dissipé avec cette première journée», a-t-il soutenu. Même son de cloche du côté de Amina, future pédiatre. «Personne ne prendra le risque de boycotter encore une fois. C'est notre avenir qui est en jeu, on l'a fait quand c'était nécessaire mais là on ne va pas continuer dans nos gamineries», a-t-elle soutenu. La grève est-elle donc définitivement terminée? «On le sait depuis longtemps d'où notre décision de s'inscrire et de passer le Dems», rétorque-t-elle, en assurant que l'espoir de la grève ne subsistait que dans les fantasmes des délégués du Camra. Chose que confirme Ayoub, résident en 2e année chirurgie. «Si le Dems avait été boycotté aujourd'hui (hier, Ndlr), je vous aurais dit que la grève avait espoir de reprendre. Mais là, c'est définitivement terminé», a-t-il assuré. «C'est surtout les DEMsistes qui doivent passer le service civil qui intéressent plus les autorités. Nous, on peut rester en grève encore un an, sans que cela ne perturbe leurs plans», a-t-il expliqué. Qu'en est-il alors des menaces de reprise de la grève? Un ancien membre du bureau national du Camra nous explique que ce ne sont que des menaces en l'air pour tenter de faire pression sur la tutelle afin qu'elle ouvre les négociations. «Le Camra a mené le mouvement à la faillite, il est en train d'essayer de sauver les meubles, mais cela est trop tard», atteste-t-il. «Il n'y a plus de mobilisation. Il n'y aura pas de reprise de la grève, la seule chose qui pourrait provoquer cela est en exclusion de résident et le sabotage des professeurs en médecine en 'saquant'' les candidats au Dems. Sinon, la grève est incontestablement finie...», poursuit-il avec assurance. Il faut dire que le Camra a grillé toutes ses cartes, tenté tous les «chantages» sans que cela ne fasse «frémir» le ministre de la Santé, le professeur Hasbellaoui. Après plus de huit longs mois de grève, les résidents ont repris leurs postes en ayant presque tout perdu. Ils ont hypothéqué leur avenir, tout en prenant en otage des millions de patients. Cela pour aucun résultat. Il est difficile d'imaginer que des médecins vont encore une fois prendre le risque de tout perdre en suivant vers une nouvelle grève ceux qui les ont menés au désastre actuel. Le Camra n'est donc plus... C'est quoi le Dems? Après la réussite au concours national de résidanat, les étudiants admis seront classés selon la moyenne obtenue, puis répartis sur les différents postes disponibles pour poursuivre des études de 4 à 5 ans (par exemple, 5 ans pour la médecine interne et pour la chirurgie cardiaque...), pour ensuite passer le diplôme d'études médicales spécialisées (Dems). Cet examen est subi par les médecins résidents de chaque spécialité après validation de tout leur cursus. Il est organisé dans un endroit différent pour chaque spécialité, mais qui regroupe tous les résidents du pays en fin de cycle, par exemple tous les résidents en pédiatrie le passent à la Faculté d'Alger, ceux de chirurgie à Oran...Après la validation de cet examen, ils passent du statut de résident à celui de médecin spécialiste. Commence alors la fatidique étape du service civil. Ils ne pourront exercer dans le privé qu'après avoir pratiqué le service civil dans un hôpital de l'Etat entre un et 4 ans pour obtenir ce que l'on appelle l'«acquittement».