Ils n'excluent pas avec d'autres pays occidentaux de recourir à leurs réserves stratégiques pour faire baisser les cours de l'or noir jugés trop élevés pour leurs économies. Une croisade contre le baril? Ce n'est pas exclu. Son niveau actuel n'arrange toujours pas la première puissance mondiale. Le Brent, qui a pourtant laissé des plumes, pointe à plus de 75 dollars. Un seuil qui peut être satisfaisant pour les pays producteurs Opep-non Opep, mais pas au point de rallier à leur cause les pays consommateurs, à commencer par les Etats-Unis qui redoutent une envolée des cours du pétrole. Ils n'excluent pas avec leurs partenaires occidentaux de recourir à leurs réserves stratégiques pour les faire baisser car jugés trop élevés pour leurs économies. Ils prendraient même la tête de cette «coalition» encore en gestation. «Les Etats-Unis et des responsables occidentaux envisagent d'avoir recours aux réserves stratégiques de pétrole si une augmentation de la production par l'Arabie saoudite et les pays de l'Opep ne suffisait pas à contenir la hausse des prix de l'or noir», rapporte le Wall Street Journal. Le président américain avait sollicité Riyadh pour compenser les productions iranienne et vénézuélienne frappées d'embargo suite aux sanctions qu'il a décrétées contre ces pays et les menaces proférés contre ceux qui les transgresseraient. Donald Trump a appelé le roi Salmane d'Arabie saoudite pour lui demander d'augmenter la production de 2 millions de b/j pour y faire face. «Je viens de parler au roi saoudien Salmane et j'ai demandé à l'Arabie saoudite de relever sa production pétrolière jusqu'à peut-être deux millions de barils pour compenser les pertes causées par les troubles et les dysfonctionnements en Iran et au Venezuela... Il l'a accepté», avait écrit le dirigeant américain sur sa page Twitter. Le O.K. du souverain saoudien est loin d'être acquis. Comme il ne peut résoudre à lui seul l'équation du locataire de la Maison-Blanche. Les spécialistes confirment. «Il ne faut pas oublier que l'Arabie saoudite n'a pas promis de déployer la totalité de ses 2 millions de barils quotidiens, et que même s'ils le voulaient, il leur faudrait plusieurs mois pour produire à ce rythme», a indiqué Tamas Varga, analyste chez PVM. Il faudra ajouter à ce paramètre, une offre qui s'annonce en déclin alors que les Etats-Unis ont menacé de sanctions les importateurs de pétrole iranien à partir du mois de novembre. Pas seulement. «Ces risques viennent s'ajouter à une industrie vénézuélienne en baisse constante tandis que des problèmes d'infrastructures empêchent le pétrole du Sud des Etats-Unis et du Canada d'atteindre le marché international», ont prévenu les analystes de Morgan Stanley, qui soulignent que le marché «épuise ses capacités de production sans augmenter son niveau réel d'extraction». Ce sont tous ces indicateurs qui ont été pris en considération par les responsables US pour agiter le spectre des réserves stratégiques, qui constituerait la réponse adéquate à leur souci. «L'administration Trump débat activement sur la question de piocher dans les réserves stratégiques du pays, selon des personnes proches du dossier», assure le Wall Street journal. «Les discussions font partie d'un effort plus large pour s'assurer que les marchés pétroliers restent bien approvisionnés dans un contexte de ruptures de production à travers le monde et d'un accroissement de la demande mondiale», affirme le quotidien économique américain. Certains conseillers de Donald Trump sont fermement opposés à cette idée, ses collaborateurs entendent surtout avoir différentes options ouvertes, croit savoir l'influent média de la presse spécialisée américaine. La conjoncture actuelle au moins à moyen terme semble plutôt favorable à une hausse des prix du pétrole. L'Agence internationale de l'énergie, bras énergétique armé des pays de l'Ocde, a fait état dans un rapport, cette semaine, que les risques de perturbations de la production mondiale sont avérés. L'hypothèse d'une «croisade» contre le baril s'esquisse. Donald Trump serait à la manoeuvre. Ce qui laisse penser que tous les coups sont permis dans cette «guerre» des prix qui ne dit pas son nom.