Considérée irrédentiste, la Kabylie plonge, depuis près de huit mois, dans une inextricable situation faite de manoeuvres politiciennes et de petits calculs d'épicier. Le gouvernement s'essaie à jouer au pouvoir et les partis, localement bien implantés, semblent avoir d'autres vues. La Kabylie pleure, elle verse toutes les larmes de son corps. Economiquement «décharnée», politiquement meurtrie, la Kabylie a, en sus, payé du sang de plus d'une centaine de ses jeunes, une place au soleil. Une place assez méritée, ne serait-ce qu'eu égard à son très honorable parcours et dans le mouvement national et durant la Guerre de Libération nationale. Très tôt éveillée à la chose démocratique, la région était apparue dans le paysage politique national dès le lendemain de l'Indépendance comme «rebelle». Les «accusateurs» ne font, en fait, qu'oublier que ces idées, venues du fond des âges, ont été nourries par le contact de l'émigration, assez importante dans la région, avec la société occidentale. Bâtie sur une «injustice» qui est la négation linguistique et culturelle de tamazight, politique qui, à l'origine, tendait à «mieux cimenter l'unité nationale» et qui, en fait, n'est qu'une vision totalitaire articulée sur une démarche absconse. La «revendication kabyle», pour employer un terme impropre, pour dire en principe la «revendidation nationale», s'est trouvée, de fait, et de lutte en lutte, engluée dans un mouvement au départ citoyen, dévoyé depuis par des «apprentis politiciens». Au départ, le mouvement citoyen, porté à bout de bras par une population excédée par tant d'années d'une «étape nationale» où le terme même de citoyen était nié, le mouvement auquel on a «superbement» accroché le terme de «ârchs» - péjoratif à souhait et qui se voulait un qualifiant qui aiderait à la ghettoïsation du mouvement -au départ, de dissidence citoyenne. Le mouvement, donc, désormais médiatiquement connu comme les ârchs, commence, par erreur politique ou par ignorance, à se détacher petit à petit de la société. Les commerçants d'abord, et eux surtout, montrent les dents. En effet, l'accumulation des grèves les pénalise sérieusement. Ensuite, ce sont les entrepreneurs qui, sous le vent mauvais, ont décidé de plier bagage, laissant la région déjà durement frappée, exsangue. Il n'est pas question de passer sous silence le comportement de l'administration ou encore des services de sécurité comme la gendarmerie qui a donné la triste impression de se servir des citoyens au lieu de les servir comme il faut dénoncer, encore et toujours, le comportement de ce corps de sécurité face à l'ire des jeunes. Ce comportement, au moins indigne de ce grand corps, qui a habitué le citoyen à une autre démarche, a été pour beaucoup dans la confusion qui s'est emparée de la région. Au huitième mois de la colère, d'autres parties, auparavant cachées, sont entrées en scène. C'est ainsi qu'un parti politique, localement en chute de popularité et un mouvement nourri de radicalisme, hier, à tu et à toi, se sont retrouvés, pour la «bonne cause», sur la même ligne. Les ârchs, du moins la frange dite «irréductible», en panne de représentativité, voient en cette «mouture politicitienne», la cavale qui pourrait éventuellement les mener vers un objectif. Face à ce qui apparaît comme un capharnaüm, le gouvernement a recours aux vieilles recettes héritées du parti unique. On se choisit des représentants avec lesquels on échange «les mêmes idées» et la situation continue d'aller... lentement mais sûrement vers le pourrissement. La Kabylie hurle au secours! Qui donc pourrait lui venir en aide? Elle attend désespérément qu'une solution, aussi acceptable que sage, se dessine à l'horizon. Elle n'en peut plus d'attendre! Elle a, plus que jamais, besoin de développement et aussi de tranquillité. Cette paix qui fera revenir, d'abord ses enfants qui l'ont fuie pour investir ailleurs et pourquoi pas, d'autres investisseurs? Mais, hélas! Pour l'heure...