La campagne électorale a remis en surface des questions fondamentales éclipsées par le conflit. Ballottée entre l'appréhension et la critique directe, la presse internationale souligne avec force l'absence de débat autour de la charte pour la paix et la réconciliation qui sera adoptée aujourd'hui par référendum. Le Nouvel Observateur a noté «l'absence de tout débat contradictoire» durant la campagne électorale pour le référendum d'aujourd'hui. «Seuls les partisan du oui ouvrant droit à la parole, ont fait campagne ces dernières semaines», a écrit l'hebdomadaire français qui a repris une dépêche de l'agence AP. Le journal décortique le document soumis au référendum et livre une vision critique : «(...) la charte proposée au vote laisse encore des questions sans réponses et donne carte blanche au chef de l'Etat. Le projet de charte pour la réconciliation stipule par exemple que les anciens dirigeants du FIS ne pourront plus prétendre à des activités politiques. Mais le texte ne précise pas, à partir de quel degré de responsabilité au sein du parti, un membre est considéré comme dirigeant». Le journal relève «un autre flou» dans le chapitre de la charte qui accorde l'amnistie à tout islamiste non impliqué dans des crimes de sang, «mais aucune structure n'est prévue par le projet pour faire le tri parmi les éventuels repentis.» Pour Le Nouvel Observateur, le président Bouteflika «semble chercher un nouveau plébiscite populaire, par ce scrutin référendaire, appuyé par une forte participation, pour se poser définitivement en homme de la situation». Se voulant plus objectif, le quotidien Libération, s'est contenté d'un reportage où il a particulièrement mis en relief, la conversion au commerce des ex- islamistes armés qu'il a qualifiés d'ex-rebelles. La Croix, un autre quotidien français, fait remarquer que ce projet, «rejeté par l'opposition, se veut une solution politique à la crise algérienne, en offrant le pardon à «ceux qui se sont trompés de chemin». Cependant, il affirme qu'en approuvant la charte, «les Algériens donneraient à leur président tous les pouvoirs pour régler la crise sur la base des grandes lignes tracées par le texte». Plus critique, Le New York Times affirme que « les responsables algériens préfèrent l'amnésie à la responsabilité». Rappelant que l'Algérie n'est pas le seul pays dans le monde à connaître une situation de conflit armé, le quotidien américain va jusqu'à faire le parallèle avec l'Afrique du Sud, le Rwanda, l'Argentine et même l'ancienne Union soviétique. «Ces nations ont favorisé la réconciliation par le débat et les responsables algériens offrent une approche différente: ils demandent essentiellement à leur peuple d'oublier» a sèchement écrit le New York Times. Selon le journal « beaucoup de critiques disent que le référendum semble être une manoeuvre politique du président pour consolider sa puissance en gagnant la gratitude de deux collèges électoraux importants, les services de sécurité, principalement les militaires, et les islamistes, y compris ceux qui continuent à opérer en dehors de la loi». Par ailleurs, le journal a relevé que la campagne électorale pour le référendum a remis en surface des questions fondamentales éclipsées par les quinze années du conflit. «L'identité nationale algérienne, la réforme de l'école, l'enseignement de la langue française, le week-end universel... ce qui n'est pas nécessairement mauvais pour l'Algérie».