Les annonces pessimistes du FMI n'ont pas tardé à apporter de l'eau au moulin des détracteurs de l'Etat Il propose à l'Algérie un appauvrissement généralisé, la semoule à plus de 200 DA le kilogramme, le lait à plus de 100 DA le litre... «L'Algérie est le mauvais élève du FMI», assume le Premier ministre lors d'une conférence de presse qu'il a animée avec sa casquette de secrétaire général du RND. L'Algérie est «un mauvais élève», parce qu'elle a opté pour l'endettement intérieur qui lui garantit une souveraineté totale sur sa politique économique et financière. Cette souveraineté intègre le plein contrôle de la valeur de la monnaie nationale, l'entière liberté de subventionner les produits de première nécessité et le maintien total de l'équilibre social, principal indice d'appréciation de la gouvernance de n'importe quel Etat de la planète. Le grand risque que court l'Exécutif en adoptant l'emprunt intérieur à travers le financement non conventionnel de sa machine économique, reste, de l'avis de tous les «experts», l'hyper-inflation. Plus de 7 mois après l'emprunt réalisé par le Trésor auprès de la Banque d'Algérie de plusieurs centaines de milliards de dinars et l'injection de tout cet argent dans les circuits de l'économie nationale, il y a lieu de constater et les «experts» eux-mêmes l'attestent, que les équilibres macroéconomiques demeurent solides. Les réserves de changes restent à un niveau élevé et l'inflation dépasse à peine les 4%. L'Algérie est certes, «un mauvais élève» pour le FMI, mais en quatre ans de crise financière, force est de constater qu'en ne tenant pas compte de toutes les recommandations du gendarme financier de la planète, elle s'en est très bien sortie et les chiffres de son économie illustrent cet état de fait. Aucune prévision catastrophiste émise par le FMI en cas de non-observance de ses «instructions» ne s'est vérifiée sur le terrain. Les «experts» de Bretton Woods, avaient en effet, annoncé l'effondrement de l'économie nationale en 2016. Ce qui tenait l'Algérie «hors de l'eau», c'était, disaient-ils le Fonds de régulation des recettes. L'assèchement de cette ressource emmagasinée par le gouvernement au temps du pétrole à 110 dollars le baril, n'a pas induit l'affaissement de l'économie nationale. Celle-ci reposait sur des finances assainies et évoluait dans un environnement totalement désendetté. Le paiement anticipé de la dette extérieure dans le milieu des années 2000, a constitué un véritable paravent à la tempête financière qui a généré des récessions dans beaucoup de pays pétroliers, mais pas en Algérie. Ces deux mécanismes de protection ont pleinement joué leur rôle et ont maintenu le pays à flot, malgré la chute de plus de 50% de ses revenus extérieurs. Les annonces pessimistes du FMI n'ont pas tardé à apporter de l'eau au moulin des détracteurs de l'Etat. Il y ont vu une opportunité pour mettre en doute les décisions souveraines de l'Algérie, arguant que les observations du FMI démontrent l'incompétence des décideurs de l'économie nationale. Ces contradicteurs de la politique de sauvegarde de la cohésion sociale et des investissements publics, ne disent pas que la refonte du système des subventions, sans étude approfondie ferait basculer des pans entiers de la société dans l'extrême pauvreté. Ils font mine d'oublier que les recommandations du FMI mettraient l'économie nationale à genoux et induiraient une récession aussi terrible que celle que le pays avait connue durant les années 90. Personne parmi les opposants à la politique du gouvernement n'avance une alternative viable. Tout le monde sait pourtant, qu'il n'existe qu'une seule possibilité autre que l'endettement intérieur. C'est le recours à l'emprunt extérieur, avec tout ce que cela suppose d'atteinte à la souveraineté de l'Algérie. Le FMI, qui met en garde contre une «grave dérive inflationniste», propose à l'Algérie un appauvrissement généralisé, un effondrement de la valeur du dinar, un bradage de toutes les entreprises publiques, la fermeture pure et simple de toutes celles qui ne sont pas rentables dans l'immédiat, la semoule à plus de 200 DA le kilogramme, le lait à plus de 100 DA le litre. La levée des subventions qui est dans les tablettes du FMI suppose un soutien financier direct aux plus démunis, mais si dans le même temps on fait glisser le dinar, le «coup de main» ne vaudra rien, puisque le lait coûterait plus de 150 DA, alors que la «subvention directe» n'évoluera pas dans les mêmes proportions. Au final, les effets d'un recours à l'endettement auprès des bailleurs étrangers aura des conséquences plus terribles encore qu'une prétendue hyper-inflation, dont on n'a d'ailleurs pas vu l'ombre d'un début de concrétisation. Tous les rapports du FMI, jusqu'au dernier, publiés ces derniers jours, annoncent des perspectives néfastes, en rapport justement avec la volonté de l'Algérie de garder la main sur son économie et sa stabilité, tant financière que sociale. Il est bien établi, cependant que les appels au chaos n'ont connu aucune suite sur le terrain. En juillet 2018, l'Algérie fait plus de 2% de croissance, affiche un taux de chômage à 11,1%, supporte une inflation inférieure à 5% et dispose de réserves de changes de plus de 95 milliards de dollars. Ses chiffres à l'exportation hors hydrocarbures sont encore modestes, mais évoluent à vue d'oeil et commencent déjà à faire peur. L'Algérie du financement non conventionnel n'a pas à rougir ni à avoir peur des prévisions catastrophistes du FMI.