Le Trésor public continuera à supporter une bonne partie des dépenses des ménages Les chiffres récents positionnent le revenu moyen d'un travailleur algérien autour de 32.632 dinars. Convertis en euros, cela donne à peine 236,59 euros. L'Algérie déboursera pour l'année en cours, 1760 milliards de dinars en transferts sociaux. Cela représente plus de 23% du PIB. Il n'y a aucune raison pour que cette politique soit remise en cause en 2019. Le Premier ministre, le ministre des Finances, le FMI, la Banque mondiale et beaucoup d'observateurs ont beau convenir du caractère intenable d'un tel niveau de subventions généralisées, le Trésor public continuera à supporter une bonne partie des dépenses des ménages pour le sucre, l'huile, la semoule, le lait et les produits énergétiques. Il financera encore une proportion non négligeable des habitations des Algériens, quand ce n'est pas le logement en entier qui sera offert. Cela en sus de la gratuité de l'éducation et autres pensions versées au profit des catégories fragiles de la société. Les observateurs estiment que le modèle algérien est plus que généreux, il relève même du gaspillage. Il y a une sorte de consensus autour de cet état de fait. Pour en finir avec «générosité excessive», le FMI et la BM proposent de cibler les catégories de citoyens auxquels seront destinées les subventions. Leurs experts vont jusqu'à estimer que les dépenses sociales de l'Etat profitent prioritairement aux 20% de la population la plus aisée. Pour soulager le gouvernement de cet effort inutile et «sans contrepartie», il suffirait simplement de faire payer le prix réel du pain, du sucre et du lait, de l'électricité, du gaz et de l'essence, aux catégories les plus aisées de la société et réserver l'intervention des pouvoirs publics aux plus démunies par l'entremise d'un soutien financier direct. Cette démarche suppose l'établissement d'un fichier national des personnes «économiquement fragiles», ainsi que la mise en place de toute une mécanique administrative assez complexe. Il faut dire que pareil dispositif pourrait coûter plus cher que les subventions, sachant que le schéma salarial algérien est assez bas pour exclure de la subvention une bonne partie de la société. Et pour cause, les chiffres récents positionnent le revenu moyen d'un travailleur algérien autour de 32632 dinars. Ce niveau de rémunération place le gros de la société au rang des pauvres si l'on s'amusait à convertir ce revenu en euros, à peine plus de 236,59 euros. Il faut dire que si une partie des Algériens parvient à maintenir la tête hors de l'eau, c'est précisément grâce aux subventions de l'Etat qui lui procurent un relatif pouvoir d'achat. Les associations de consommateurs, pour leur part, n'hésitent pas à fixer à plus de 80.000 dinars le seuil salarial, subventions comprises, pour une famille de cinq personnes, au vu de l'inflation que connaissent les produits de large consommation. Considérant cela, on estime à plus de 150.000 dinars le taux plancher pour une rémunération susceptible de permettre à une famille algérienne de se passer des subventions publiques couvrant les produits de première nécessité, constatent les animateurs des associations de consommateurs. Ces derniers soulignent par ailleurs, qu'un tel niveau de rentrée financière, équivalant à moins de 1087,53 euros, ne saurait résister aux fluctuations de certains produits sur le marché international. Ce constat, basé sur plusieurs études réalisées par les acteurs de la société civile, réduit à une portion congrue la catégorie d'Algériens susceptibles de ne pas être fragilisée par une disparition des subventions sur les produits de première nécessité. Tout le reste devra être concerné par les subventions ciblées si l'on veut maintenir son niveau de vie actuel. Ceci pour dire que la «rationalisation», à laquelle appellent les experts du FMI et de l'Exécutif ne peut en aucun cas prendre le chemin d'une réduction ou simplement une suppression des subventions. Pareille démarche créerait une situation d'appauvrissement généralisé de toute la société et conduirait à un état de délabrement social tel que les émeutes du sucre et de l'huile de janvier 2011 passeraient pour un «chahut de gamins». Il est inconcevable d'imaginer un tel scénario dans une année électorale. Aussi, le nouveau plan évoqué par Abderrahmane Raouya, dont on ne connaît rien du tout, n'est certainement pas applicable en 2019 et peut-être même pas en 2020 ou 2022. La question du ciblage des subventions est certainement le plus gros casse-tête du gouvernement, puisque objectivement, il ne peut-être adopté pour une société dont le salariat est incapable d'entrevoir une perspective de vie en dehors des subventions. La seule solution viable consiste en un développement socio-économique très rapide qui boosterait les salaires, revaloriserait le dinar et ferait exploser les exportations hydrocarbures.