Les instances dirigeantes du Mouvement de la société pour la paix (MSP) entament la dernière ligne droite avant la tenue du 7e congrès du parti, avec l'ouverture, hier à Zéralda (ouest d'Alger),de l'ultime session extraordinaire du conseil consultatif (majdliss echoura), instance suprême du parti entre deux congrès. Cette occasion a surtout permis un premier "face-à-face" avant le congrès prévu dans un mois, (10, 11 et 12 mai) entre les deux principaux adversaires, en l'occurrence l'actuel président du parti, Abderrezak Makri, et son prédécesseur, Abou Djerra Soltani. S'ils ont refusé d'assumer publiquement leur guéguerre à distance, déclarée depuis plusieurs jours, les deux concurrents à la succession n'ont pas manqué l'opportunité d'échanger quelques inimitiés. Le premier à ouvrir les hostilités est Makri qui, dans son long discours inaugural, a dénoncé, notamment, le reproche qui lui a été fait par Abou Djerra l'accusant d'avoir "dévié de la ligne politique et de la conduite du père spirituel et fondateur du MSP, Mahfoud Nahnah". "Nous n'avons jamais dévié de la ligne politique et de la conduite de cheikh Nahnah, comme nous accusent, à tort, certains. C'est une agression gratuite ! Une agression dont je préfère faire l'économie de dire les motivations réelles", a fulminé l'orateur. La composante du madjliss echoura ayant grossi depuis la fusion entre le MSP et le Front du changement d'Abdelmadjid Menasra. Si le propos de Makri sonne, on ne peut plus clairement, comme une réponse à Abou Djerra dont la diatribe est rendue publique sur sa page facebook, il refuse néanmoins de l'assumer. "Je ne vise pas M. Abou Djerra",a-t-il répondu devant l'insistance des journalistes en marge de la cérémonie d'ouverture de la session du conseil consultatif. Le président du MSP a pourtant fait une autre mise au point au même Abou Djerra. "Depuis le 5e congrès, nous avons toujours été fidèles à notre feuille de route consistant à chercher un consensus large et inclusif avec l'ensemble de la classe politique. Nous avons, à ce titre, travaillé avec de grands partis politiques", a-t-il dit, allusion faite aux partis avec qui le MSP (RCD, Jil Jadid, Ennahda, El-Islah, Talaie El-Houriat...) avait congloméré dans le cadre des entités respectives de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique, (CLTD), et l'Instance de concertation et du suivi (Icso), issues de la plateforme dite de "Mazafran". Dans la même diatribe publiée sur facebook, Abou Djerra Soltani reprochait à la direction de Makri d'avoir fait reléguer le MSP "en deuxième division" pour composer avec des leaders politiques dont les partis "sont portés dans de petites valises". Interrogé en marge de cette réunion, Abou Djerra persiste et signe : "Moi, je ne me fie pas aux discours. Je crois plutôt à la réalité. Et la réalité est plus que claire : la seule et unique période où le MSP avait travaillé avec les deux grands partis du pays, le FLN et le RND, s'étale de 2004 à 2011." Selon lui, le 7e congrès sera surtout une occasion pour en finir avec la "duplicité" de la ligne politique, ballottée entre l'opposition, prônée par Makri et le participationnisme (ou l'entrisme) qu'il défend. À l'orée de cette guerre de succession engagée en sourdine entre au moins deux clans au sein de ce parti islamiste, la session du conseil consultatif, apprend-on de source interne, est partie pour être maintenue ouverte durant au moins 15 jours. Farid Abdeladim