Au prétexte de dénoncer les harcèlements judiciaires, les promoteurs Anseg, Angem et Cnac veulent en réalité une amnistie générale. Périodiquement, les jeunes promotteurs ayant bénéficié de crédits bancaires dans le cadre des dispositifs étatiques, Ansej, Angem et Cnac sortent dans la rue. A Bouira, Tizi Ouzou et Béjaïa, ils s'organisent pour protester contre les banques qui leur réclament le remboursement des dettes contractées dans le cadre de leurs projets. Les promoteurs Anseg, Angem et Cnac se sont constitués en «collectif solidarité promoteurs» et mènent un combat à travers des rassemblements devant les sièges de wilayas, les banques et autres institutions en relation avec leur cause. Ils sont des centaines à crier haut et fort leur incapacité à faire face à l'impératif de remboursement. Ils évoquent pour cela la chute de la valeur de la monnaie nationale, les réductions des activités dans les secteurs choisis pour leurs investissements. Bref, un marché au ralenti qui ne leur permet guère d'honorer leurs dettes face à des banques qui ne cessent de réclamer leurs dus à travers des poursuites judiciaires et l'envoi des huissiers de justice. Autant de mesures que les protestataires considèrent comme du «harcèlement» et une sorte d'«incompréhensions» dont font preuve les banques qui «font mine d'ignorer la faiblesse du marché du travail» accentuée par «la priorisation des anciennes entreprises dans l'octroi des marchés publics» et «la dévaluation du dinar». pour se faire entendre et pour quoi pas aboutir à l'annulation des dettes, les jeunes promoteurs descendent régulièrement dans la rue pour exprimer leur mécontentement vis-à-vis des «pressions» et «harcèlements» des autorités publiques. Les protestataires, tous de jeunes entrepreneurs ayant bénéficié des dispositifs Ansej, Angem ou alors Cnac, mettent en avant la politique d'austérité mise en place par l'Etat, qui se trouve être à l'origine de leurs «faillites» mais aussi «le harcèlement» dont ils se disent être victimes de la part de ces mêmes organismes. Nombre d'entrepreneurs font l'objet de poursuites judiciaires. Si un quelconque organisme touche à un promoteur, il s'attaque à l'ensemble des promoteurs. C'est pourquoi cette solidarité. Pour la période 2016 jusqu'à juin 2018, des milliers de jeunes promoteurs se sont vu dresser des procès-verbaux de saisie. On croit savoir que la majorité des promoteurs a des démêlés avec la justice. Pour d'autres protestataires qui se disent être en faillite, les banques exerceraient une forme de chantage, afin de récupérer les crédits octroyés. L'Etat reste leur cible principale. Les promoteurs l'accusent de les avoir dupés. «Nous sommes dans une véritable impasse. Les saisies se font de manière systématique, sans parler du chantage administratif», affirme un promoteur qui se considère comme une des «victimes de tout un système». Ayant obtenu des crédits pour le lancement des projets sans au préalable une étude sérieuse du marché, les promoteurs sont vite tombés dans un piège duquel ils n'arrivent pas à s'extraire. A travers leurs frondes périodiques, ils revendiquent l'allégement des charges qui pèsent sur eux, notamment l'effacement de 50% de leurs dettes, le non-rééchelonnement de ces dernières et l'annulation des poursuites judiciaires. D'autres vont encore plus loin. Ils réclament «une amnistie générale». Ces multiples manifestations des jeunes promoteurs ayant bénéficié des dispositifs étatiques sonnent comme un échec total de la politique prônée jusque-là dans la démarche de création d'emplois et de richesse. Une réalité qui s'affirme chaque jour sur le terrain à la vue de ces jeunes ansejistes, cnacistes qui, pour se débrouiller, change carrément d'activité pour rentabiliser un tant soit peu le matériel roulant acquis par voie de crédits bancaires, mais c'est loin de suffire pour entreprendre un quelconque remboursement des dettes. «J'ai acquis une fourgonnette pour une activité de plomberie, je me retrouve à vendre des fruits et légumes juste pour vivre», raconte solennellement ce jeune, qui se dit dans «la gêne», mais sans aucun autre choix. Des centaines d'autres versent dans la même pratique avec l'espoir de voir des lendemains meilleurs. Et c'est loin d'être facile, avouent -ils en choeur.