Une si longue attente Il faudra au moins deux jours pour que se dessinent les résultats définitifs dont la proclamation officielle n'interviendra pas avant le 3 août prochain, à moins que n'intervienne un second tour qui aura lieu alors le 12 août. Les électeurs maliens sont conviés aujourd'hui pour un scrutin présidentiel crucial tant il va déterminer la suite des évènements à l'heure d'une application difficile mais indispensable de l'accord d'Alger de 2015 qui fixe les conditions d'un retour à la paix et à la réconciliation sans lesquelles il ne saurait y avoir une politique de développement. La situation qui prévaut dans ce pays conditionne d'ailleurs le devenir des pays voisins, compte tenu de la menace terroriste qui plane sur l'ensemble sahélien malgré de multiples interventions militaires étrangères depuis bientôt six ans. Pas plus tard que vendredi dernier, le chef de la principale faction extrémiste au Sahel, Iyad Ag Ghaly dont le groupe jihadiste s'était emparé de tout le nord du Mali en 2012, s'est invité dans la campagne électorale pour proclamer que «ces élections ne sont rien d'autre que la poursuite d'un mirage et nos peuples n'en récolteront que des illusions, comme ils en ont pris l'habitude», au nom du prétendu «Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans». C'est dire combien ces élections sont extrêmement importantes pour les huit millions et quelques d'habitants de ce vaste pays enclavé, composé d'une vingtaine d'ethnies, et dont le corps électoral doit se prononcer pour reconduire le président Ibrahim Boubacar Keïta ou élire un de ses 23 concurrents, parmi lesquels se trouvent le chef de l'opposition, Soumaïla Cissé, et une seule femme, Djeneba N'Diaye. Il faudra au moins deux jours pour que se dessinent les résultats définitifs dont la proclamation officielle n'interviendra pas avant le 3 août prochain, à moins que n'intervienne un second tour qui aura lieu alors le 12 août. C'est dire que les candidats devront faire preuve de patience et que le pays tout entier sera tenu en haleine au fur et à mesure que vont se dessiner les contours de la prochaine mandature. Tout comme le peuple malien, la communauté internationale dont la présence militaire est incarnée à la fois par la force française Barkhane, pendant de celle qui l'a précédée en 2013, ainsi que par la mission onusienne dont un contingent important de Casques bleus, espère que le vainqueur du scrutin conduira à terme l'accord de paix conclu à Alger entre la représentation gouvernementale et la délégation de la rébellion touaregue. Il se trouve que cette mise en oeuvre pâtit de retards considérables et de manoeuvres dilatoires qui portent préjudice à l'esprit même de l'accord, de sorte que non seulement les violences persistent dans le nord du Mali mais qu'elles ont tendance également à se propager dans les pays voisins comme le Niger et le Burkina Faso. Il aura fallu des mises en garde sévères et des déclarations tonitruantes de certains diplomates pour que les initiatives se révèlent, comme ce fut le cas lors de la mise en place des autorités intermédiaires dont les initiatives peinent à se concrétiser dans les villes comme Gao ou Tombouctou. Or il n'existe aucune autre solution que celle de la réconciliation et de la paix pour que le Mali retrouve les conditions nécessaires à la prise en charge des besoins et des attentes de l'ensemble de la population, aujourd'hui encore divisée comme l'a montré ces jours derniers l'attaque de chasseurs dogons contre une petite communauté de Peuls faisant 17 victimes. Afin que les élections se déroulent dans un climat de sérénité même relative, il aura fallu la mobilisation de plus de 30.000 membres des forces de sécurité, nationales et étrangères, selon des chiffres communiqués par le ministère de la Sécurité intérieure. Ce qui a fait dire au chef de la Mission d l'ONU (Minusma) Mahamat Saleh Annadif qu'on peut considérer «aujourd'hui que les conditions minimales sont probablement réunies» pour le bon déroulement du scrutin. Dans le nord du Mali, les groupes armés signataires de l'accord d'Alger sont eux aussi partie prenante de la sécurisation des élections. Face au président sortant, on compte comme sérieux prétendants l'ancien chef du gouvernement de transition, Cheick Modibo Diarra (avril-décembre 2012), astrophysicien de métier, et l'homme d'affaires Aliou Boubacar Diallo. Quant à la campagne électorale, elle a été marquée par une polémique autour des listes, l'opposition dénonçant un risque de fraude en raison de divergences autour de l'existence d'un double fichier, hypothèse balayée par le gouvernement qui argue d'un problème de serveur informatique.