Des peines de prison allant de 3 à 8 ans ont été prononcées hier par la cour d'appel de Biskra à l'encontre de trois prévenus impliqués dans les violences commises contre 39 femmes à Hassi Messaoud le 13 juillet 2001. Trois autres accusés ont bénéficié d'un acquittement. Pour les 23 autres accusés (actuellement en fuite), des peines allant de 5 à 20 ans de prison ferme ont été retenues. Le procès, qui a duré jusqu'à une heure tardive de la nuit, s'est déroulé en présence de plusieurs représentants du mouvement associatif dont l'AFEPEC, le collectif Bnet Fatma N'soumer, Réseau Wassila, Femmes et Développement, Bnet Kahina, Rachda, le collectif 20 ans Barakat, ainsi qu'un délégué de la Ligue des droits de l'homme de Boudjemaâ Ghechir, le bâtonnier Bensaïd qui s'est d'ailleurs joint au collectif de la défense de la partie civile constitué de Me Houhou, Me Hanoun et Me Khalfoun. La confrontation entre victimes et bourreaux a été douloureuse au point que l'une des femmes, Fatiha, a eu un malaise qui a nécessité son transfert à l'hôpital par les agents de la Protection civile, le temps de prendre des calmants et de revenir pour assister à l'audience. « Je ne pourrai jamais oublier leur visage. Ce qu'ils m'ont fait, je ne pourrai le leur pardonner. Sous les cris d'Allah est grand, ils sont venus violer mon domicile, pour me torturer, me lacérer les seins et mes parties génitales avec leurs mains. Ils ont détruit ma vie à tout jamais. De quel droit et pourquoi ? » C'est avec ces phrases poignantes que Fatiha a entamé son témoignage devant la cour. Parmi les 37 victimes qui ont subi les affres de l'inquisition en cette nuit du 13 juillet 2001 à El Haïcha, trois, Fatiha, Rahmouna et Nadia, ont eu le courage et la patience de poursuivre leurs bourreaux. Leurs révélations ont brisé le silence de cette audience particulière tant ce qu'elles ont vécu était choquant pour l'assistance nombreuse, venue les soutenir en ces moments difficiles. « Ils m'ont déshabillée, torturée et fait subir des sévices sexuels avec leurs mains. » La même phrase qui revenait à chaque fois chez les trois victimes, lesquelles ont reconnu certains de leurs bourreaux présents au box des accusés. Beaucoup de larmes et de sanglots ont entrecoupé ces témoignages poignants qui n'ont pas laissé la cour et l'assistance, insensibles. Les accusés, pour leur part, ont tous nié les faits en affirmant n'avoir « rien vu et rien entendu ». Les six appelés à la barre se sont entendus pour rejeter toutes les accusations portées contre eux. Certains se sont interrogés pourquoi ils étaient là à comparaître devant la cour et d'autres ont carrément déclaré qu'eux-mêmes étaient « les victimes de ce complot ». Le jeu des questions-réponses entre eux et le président de la cour a frôlé le ridicule tant les contradictions dans les propos étaient flagrantes. Sentiment qui a poussé le ministère public à demander une peine de 15 ans de prison ferme pour les six accusés. « Ce sont des actes inqualifiables qui déshonorent l'Algérie. Des crimes abominables qu'aucun musulman ne peut accepter ou pardonner. Les cris des victimes, leurs témoignages ici devant la cour sont suffisants pour les confondre et les condamner avec toute la rigueur », a déclaré le ministère public. Il a longuement mis en relief la décision de la cour de tenir l'audience en public « afin que la cruauté et la sauvagerie des actes commis contre nos sœurs algériennes soient dévoilés à l'opinion publique ». Pour leur part, les avocats de la partie civile ont axé leurs plaidoiries sur la confrontation et les témoignages des victimes, estimant qu'ils « contiennent suffisamment de preuves » contre les accusés. Les quatre avocats de ces derniers ont plaidé l'innocence de leurs mandants estimant que la police judiciaire a été « laxiste dans ses investigations. Pour preuve, elle n'a arrêté qu'une vingtaine de personnes la nuit même du drame. Ce n'est que le troisième jour qu'elle a arrêté les autres, principalement des célibataires parce que cette affaire est liée au célibat. »