«Le dialogue reprendra fatalement, parce que le règlement de la crise est une nécessité nationale et historique inévitable.» C'est ce qu'a déclaré le chef du gouvernement, lors d'une conférence de presse animée au lendemain de la suspension du dialogue entre les deux parties. D'un optimisme affiché, M.Ouyahia, agissant sur instruction du président de la République, a ajouté que «quand le dialogue reprendra, le mouvement des archs et l'Etat vont découvrir qu'ils sont d'accord», avant de rappeler que les engagements pris par le gouvernement au sujet des six incidences «sont maintenues». Revenant sur le point d'achoppement entre les deux parties à savoir l'officialisation de tamazight sans passer par un référendum, Ouyahia a suggéré aux délégués «de mettre de côté ce point et d'avancer dans la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur». S'appuyant sur la Constitution et ses articles 174 et 175, Ouyahia a tenu à préciser que «si les délégués sont mandatés par l'interwilyas du mouvement des archs, je suis le délégué d'un archs de 32 millions d'Algé-riens et mon mandat est la Constitution». Auparavant, il a affirmé avoir expliqué aux délégués qu'il «n'était pas contre l'officialisation de tamazight, mais que la question est du seul pouvoir du peuple algérien souverain». En effet, l'article 174 de la Constitution stipule que la révision de la Constitution est décidée à l'initiative du président de la République. Elle est votée en termes identiques par l'Assemblée populaire nationale et le Conseil de la nation dans les mêmes conditions qu'un texte législatif. Elle est soumise par référendum à l'approbation du peuple dans les cinquante (50) jours qui suivent son adoption. La révision constitutionnelle, approuvée par le peuple, est promulguée par le président de la République. Tandis que l'article 175 stipule que «la loi portant projet de révision constitutionnelle repoussée par le peuple, devient caduque. Elle ne peut être à nouveau soumise au peuple durant la même législature». Dans ce contexte Ouyahia a relevé le processus engagé depuis huit ans dans la promotion de la dimension amazighe et sa mise à l'abri des manoeuvres et surenchères politiciennes. D'ailleurs, dans le communiqué repris par l'agence APS, le chef du gouvernement a fait la genèse de la prise en charge de tamazight par l'Etat et la dynamique par laquelle l'Algérie s'est attelée depuis 1995, à prendre en charge de manière résolue son identité nationale dans ses trois dimensions indissociables que sont l'islam, l'arabité et l'amazighité par la création du haut commissariat à l'amazighité et par l'introduction de l'enseignement de tamazight dans l'école dans un premier temps, et par la constitutionalisation de l'amazighité comme l'une des composantes de l'identité nationale aux côtés de l'Islam et de l'arabité dans un second temps, ainsi que, la constitutionalisation de tamazight langue nationale le 10 avril 2002 avec devoir pour l'Etat de la promouvoir et de la développer et cela en réponse à la plate-forme d'El-Kseur. Mais pour dépasser, et dans le but d'aboutir à une solution globale de la crise, le représentant du président de la République a appelé au civisme et à la sagesse des délégués à reprendre dans les plus brefs délais le dialogue. Partant de ce constat, le chef du gouvernement se déclare disponible pour reprendre le dialogue avec les représentants du mouvement citoyen des archs pour la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur. Mais la question qui demeure en suspens a trait à la réaction des délégués du mouvement citoyen qui exige l'officialisation de tamazight sans le référendum. D'ailleurs, Belaïd Abrika a déjà lancé un avertissement en déclarant «nous allons reprendre les actions de protestation dans la rue en Kabylie et empêcher la tenue de l'élection présidentielle d'avril prochain».