Le président du mouvement El Islah, Filali Ghouini C'est pour la première fois qu'un parti d'obédience islamiste verse dans un discours aux antipodes de sa matrice idéologique et de sa substance politique fondée sur un discours où l'«eschatologie» l'emporte sur le reste des préoccupations d'ordre politique, pour ne pas dire séculier. Le mouvement El Islah vient de tenir les travaux de sa session ordinaire qui s'achèvera aujourd'hui. Cette session sort de l'ordinaire, elle vient de casser avec l'orthodoxie «islamiste» et son discours «catéchiste» à l'égard des questions politiques, économiques et sociales. Le président du mouvement El Islah, Filali Ghouini a opté pour un discours diamétralement opposé à celui qui caractérisait cette variante de l'islam politique depuis sa création. A suivre les déclarations de Filali Ghouini, on a tendance à entendre les déclarations des partis de la majorité et d'une certaine opposition qui ne se veut pas comme prolongement d'un radicalisme politique à l'égard des plans et des programmes proposés par le gouvernement. Le président d'El Islah a souligné le fait que «si nous disposons de la paix et de la stabilité c'est grâce à la Réconciliation nationale», et d'ajouter que «nous appuyons l'appel du président de la République pour la constitution d'un front national capable de relever les défis qui se posent à l'Algérie. Seul un front intérieur fort peut offrir la possibilité de faire face aux dangers», a mentionné Filali Ghouini, président du mouvement El Islah lors de l'ouverture des travaux de la session ordinaire de sa formation. C'est la première fois qu'un parti d'obédience islamiste verse dans un discours aux antipodes de sa matrice idéologique et de sa substance politique fondée sur un discours où l' «eschatologie» l'emporte sur le reste des préoccupations d'ordre politique pour ne pas dire séculier. Dans le même sillage, le président d'El Islah a fait allusion aux aspects socio-économiques en indiquant que «le gouvernement doit veiller à une plus grande justice sociale dans l'élaboration de la loi de finances 2019». Ghouini considère que «la prochaine présidentielle est une étape pour restaurer la confiance entre les partenaires politiques et rendre l'espoir aux Algériens», et d'ajouter que «nous voulons une candidature d'entente dans le cadre d'un partenariat politique national. Les institutions actuelles fonctionnent normalement et elles sont capables de préserver la stabilité», c'est dire que l'islamisme pourrait changer de forme et de couleur en fonction de la conjoncture et surtout quand la crise se fait inviter de façon drastique dans la demeure des islamistes. Le mouvement El Islah rejoint la pléiade des partis politiques et les organisations de la société civile à l'appel du président de la République quant à un front populaire et interne pour faire face aux dangers qui guettent le pays à l'image de la corruption, la drogue et les menaces qui émanent de nos frontières que ce soit sur le plan sécuritaire ou par rapport au crime organisé à dimension transnationale. Le mouvement El Islah confirme ce que les autres variantes de la mouvance islamiste avaient tout le temps occulté, à savoir le fonctionnement ordinaire des institutions de l'Etat, contrairement à la démarche du Mouvement de la société pour la paix (MSP) et son président Abderazzak Makri qui a appelé à la transition politique et économique avec l'appui de l'institution militaire, ce qui signifie que les institutions de la République ont du mal à fonctionner et à assurer le maintien des équilibres politiques et institutionnels. Dans ce sens, le parti islamiste d'El Islah coupe court avec la rhétorique traditionnelle de la mouvance islamiste en allant jusqu'à solliciter son adhésion dans l'initiative enclenché par le président de la République, à savoir le front populaire solide pour faire face aux menaces intérieures et extérieures qui se dressent contre le pays et son unité nationale et sa souveraineté. Le président d'El Islah, Filali Ghouini, a affiché vertement son soutien à un candidat consensuel dont le rôle s'est fait exprimer par rapport au rétablissement de la paix civile, la mise en place du projet de la Réconciliation nationale, ce qui veut dire que la continuité et la stabilité sont le maître-mot de cette initiative et approche développée par un parti islamiste à la recherche d'un new look sur le plan politique pour sortir de l'ornière chronique en tant que formation en panne d'idées et de mobilisation surtout après l'échec essuyé lors des joutes électorales de l'année passée, les législatives et les locales en l'occurrence. Les dernières déclarations du président du mouvement El Islah montrent clairement que les islamistes sont dans une situation le moins que l'on puisse dire, de divisions et de tiraillements profonds. L'une des preuves c'est l'appel du président du MSP, Abderazzak Makri en l'occurrence, en soulignant qu'il est le seul et l'unique candidat à la présidentielle de 2019 qui mérite et qui a la stature de représenter tous les partis de l'opposition. Cet appel vient d'être rejeté par son alter ego politique qui a affiché nettement et clairement son adhésion dans la dynamique des partis de la majorité qui plaide pour un candidat de la continuité et la stabilité. L'émiettement des partis de la mouvance islamiste se fait sentir davantage à cause de la déroute qui a gagné toutes les sensibilités de cette mouvance et à quelque degré moins, le MSP qui résiste tant bien que mal. L'attitude du mouvement El Islah ne devrait en aucun cas tromper l'opinion, c'est de la poudre aux yeux pour se faire maintenir sur un échiquier politique duquel, à dire vrai, il est hors jeu.