Jacques Chirac et Tony Blair se sont immédiatement réjouis de ce choix. Le prix Nobel de la paix 2005 a été attribué à l'Aiea et à M.El-Baradei pour leur travail contre la prolifération des armes nucléaires, a indiqué à Oslo le président du comité Nobel. Cette distinction est interprétée comme un engagement du comité Nobel en faveur de la lutte contre la prolifération du nucléaire militaire. Cela dit, cette version ne fait pas l'unanimité au sein de la communauté politique internationale. Alors que les chefs d'Etat britannique et français approuvent le choix du comité, l'Israélien Shimon Peres y voit «un avertissement à l'Iran (qui) constitue aujourd'hui le plus grand et le plus dangereux problème», a-t-il déclaré à la radio publique, confirmant, de fait, les accusations de son gouvernement à l'encontre de Téhéran. «Tous les efforts, diplomatiques, psychologiques et autres, seront faits pour empêcher qu'une telle arme tombe entre les mains de dangereux ayatollahs», a asséné le vice-Premier ministre israélien. Cependant, cette assurance affichée par le prix Nobel de la paix de 1995 cache assez mal une situation paradoxale qui veut qu'Israël détient quelque 200 ogives nucléaires, actuellement interdites d'inspection par l'Aiea. Celle-ci a en principe les prérogatives de procéder à des visites surprises sur les sites nucléaires de l'Etat hébreu. Or, il n'en est rien. L'argument de Perès, père de la bombe atomique israélienne: «Nous sommes le seul pays au monde qui soit menacé par une telle arme (nucléaire) et nous ne ménageons personne». Moins critique à l'égard de l'Iran, le président français Jacques Chirac et le Premier ministre britannique Tony Blair se sont immédiatement réjouis du choix du comité Nobel. En revanche, l'organisation française Réseau sortir du nucléaire s'est dite «indignée» et a réclamé le démantèlement de l'Aiea pour le rôle qu'elle joue dans la promotion de l'énergie nucléaire civile. Dans le chapitre des mécontents, l'on notera l'ONG Green Peace qui a dénoncé le «double rôle» de «gendarme et promoteur du nucléaire» de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Cependant l'ONG écologiste, reconnaît en la personne de Mohamed El-Baradei «dans la mesure où il s'est opposé à la guerre en Irak et a défendu l'idée d'un Proche-Orient dénucléarisé, M.El-Baradei a représenté, dans la période récente, une voix de la raison dans le monde de la non-prolifération nucléaire», relève un communiqué de Green Peace. Il y a enfin, la réaction de l'ancien directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Hans Blix, très largement positive. «Cela souligne le rôle que joue l'Aiea, et qu'elle a joué de manière de plus en plus importante, lorsqu'il s'agit de combattre la propagation des armes nucléaires», a en effet déclaré Hans Blix.