Le ministre des Finances, Mourad Medelci, a annoncé hier une nouvelle baisse de la dette extérieure de l'Algérie qui est actuellement de 16 milliards de dollars contre 36 milliards de dollars il y a à peine quelques années. M. Medelci, qui était l'invité de l'émission de la radio Chaîne I « Tahaoulet », a souligné que cet indicateur traduit l'amélioration de la situation financière de l'Algérie. La dette extérieure de l'Algérie devrait baisser de façon substantielle en 2006, selon les prévisions du grand argentier du pays. Cette embellie concerne aussi les réserves de changes dont le montant actuel « permet de couvrir les besoins en importations pendant plus de deux ans », a-t-il ajouté. Pour Mourad Medelci, il ne faut pas pour autant crier victoire. Pour lui, il est temps que les opérateurs privés prennent le relais de l'Etat en matière d'investissements. « Durant une décennie, l'Etat a monopolisé la sphère économique. Mais la tendance a changé », a-t-il commenté. Et de donner pour preuve la contribution du secteur privé à la valeur ajoutée hors hydrocarbures qui dépasse les 50%. Pour ce qui est de la réforme financière, le ministre a rappelé que l'arsenal législatif a été consolidé par la promulgation de trois nouveaux textes, dont la loi relative à l'assurance et qui prévoit d'autoriser les compagnies d'assurances de distribuer leurs produits à travers les guichets de banques, la loi sur la titrisation et la loi portant création de sociétés d'investissement et de sociétés de capital-risque. S'agissant du nouveau système de paiement de masse, M. Medelci a affirmé que la première phase qui concerne les opérations entre la Banque Centrale d'Algérie et les banques publiques est d'ores et déjà entrée en vigueur alors que les échanges interbancaires seront possibles à partir du mois de mars. Il a indiqué encore que tous les Pdg des banques publiques ont été changés ces six derniers mois, tout en soulignant que ces changements n'ont pas de lien avec les scandales financiers qui ont éclaté dernièrement. « Nous avons constaté des défaillances sur la base desquelles nous avons faits une évaluation. A partir de là, nous avons constaté qu'il fallait apporter des changements », a-t-il dit en substance. Lors de cette émission, Mourad Medelci est également revenu sur les différents scandales qui ont entaché la place financière algérienne. Des leçons doivent être tirées de ces malheureux épisodes, a-t-il relevé. Selon lui, ces scandales ne sont pas nombreux, mais leur impact est très lourd, en particulier, celui de la Banque Nationale d'Algérie (BNA). Le ministre des Finances estime, cependant, qu'il ne faut pas confondre entre les vrais scandales financiers et les conflits entre les banques et leurs clients. D'ailleurs, « des centaines de milliers de dossiers de ce genre sont au niveau de la justice », a-t-il révélé. Le ministre s'est particulièrement attardé sur l'affaire de la BNA qui a commencé, selon lui, il y a trois ans. Des personnes ont bénéficié de complicités au sein de cette banque, a-t-il ajouté. L'enquête de la justice et des services concernés à l'intérieur et à l'extérieur du pays a permis d'identifier les personnes responsables des détournements qui ont causé à la banque un préjudice de plus de 20 milliards de dinars. D'après Mourad Medelci, il est possible de récupérer une bonne partie de ce montant grâce aux informations fournies par « le réseau mafieux » à l'origine de ce scandale. Une opération qui prendra du temps, a-t-il averti. Ce « réseau mafieux » a profité des failles qui existent dans le système d'information et de contrôle. Des anomalies que devrait remédier le nouveau système informatisé avec lequel il y aura une meilleure traçabilité. « Dans toutes les banques, la sonnette d'alarme a été tirée depuis 3 mois pour voir s'il n'y a pas d'autres affaires similaires », a révélé encore le ministre. De même que ces scandales n'ont pas dissuadé les opérateurs intéressés par la privatisation des banques publiques qui était nombreux à postuler pour entrer dans le capital du Crédit populaire algérien (CPA). Le ministre a également profité de cette occasion pour répondre aux détracteurs de la titrisation alors que le marché financier est quasiment inexistant. « Les ressources des banques sont à court terme. Elles ne lui permettent pas donc de financer des projets à long terme tel que la construction de logements », d'où l'utilité de la titrisation, a argumenté le ministre.