Selon le HCR, les groupes de clandestins, abandonnés dans le Sahara occidental, circulent sur la ligne de cessez-le-feu. La situation tragique des immigrés clandestins, refoulés en masse au Maroc, ne cesse de soulever de vives réactions au sein de la communauté internationale. Jeudi dernier, le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) s'est déclaré être «très préoccupé» par le sort des migrants africains qui affirment ne plus disposer d'eau après avoir été abandonnés par les forces marocaines dans le désert du Sahara occidental. «Nous sommes très préoccupés. Nous voulons savoir ce qui se passe», a indiqué une porte-parole du HCR, Astrid Van Genderen Storp à partir du territoire sahraoui. Ce témoignage de la représentante du HCR, démontre, en effet, la gravité de la situation dans laquelle se trouvent les clandestins. La réaction du Haut commissariat, une instance connue pour ses positions équitables, vient de confirmer que le traitement accordé aux immigrés constitue une véritable atteinte aux droits humains. Le plus grave, constate la représentante, ces groupes circulent sur la ligne de cessez-le-feu. Ce qui laisse dire qu'ils sont exposés au danger et qu'une éventuelle tragédie humaine n'est pas du tout écartée dans les jours à venir. Cette situation interpelle en urgence les responsables des deux rives de la Méditerranée afin de trouver une solution commune pour rapatrier les immigrés du Sahara occidental. Surtout que le Maroc refuse catégoriquement l'idée d'installer des centres de transit sur son territoire. Prenant acte de cette situation, le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), M.Mohamed Abdelaziz, avait appelé mercredi dernier les Nations unies à mettre fin aux agissements du Maroc pour se débarrasser des immigrants clandestins. Pour rappel, depuis la mort des 14 personnes, des voix s'élèvent de part et d'autre, pour dénoncer ce génocide. D'ailleurs, la Fédération internationale des Ligues des droits de l'homme (FIDH) a dénoncé jeudi dernier «l'hypocrisie» européenne et les «traitements inhumains» infligés aux migrants clandestins par les forces de l'ordre marocaines. «La Fidh condamne la sous-traitance d'immigrés exercée par le Maroc au nom de l'Union européenne et souligne l'hypocrisie de cette situation», a déclaré le président de la Fédération, M.Sidiki Kaba. Ce dernier condamne les autorités espagnoles et marocaines, responsables de la mort de 14 immigrants sur lesquels, affirme-t-il, «on a tiré comme sur du gibier». La Fidh exige, par- ailleurs, l'ouverture d'une «enquête impartiale et indépendante pour définir les responsabilités et trouver les auteurs de ces crimes.» Dans le même sillage, une soixantaine de députés européens de différentes formations politiques, ont dénoncé jeudi dernier «l'Europe- forteresse» et ont appelé l'Union européenne à mettre en oeuvre «une politique véritable d'asile et d'immigration». Réagissant sur cette affaire, le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, a prôné une «réponse européenne commune» au défi de l'immigration clandestine. Dans un entretien qu'il a accordé au journal espagnol El Mundo, ce dernier a fait savoir que «l'immigration n'est pas seulement le problème du Maroc et de l'Espagne». C'est un problème européen qui exige, précise-t-il, une réponse européenne commune. Critiquant l'attitude du Maroc et de l'Espagne, il dira que le traitement de cette question n'est plus une prérogative nationale. «Aujourd'hui, il est clair que c'est seulement avec une approche globale au niveau européen que nous pouvons obtenir des réponses satisfaisantes», a estimé le président. Enfin, selon la commission européenne, environ 20.000 immigrants africains sont en Algérie et 10.000 au Maroc prêts à rejoindre les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, alors que des milliers sont poursuivis dans le désert après avoir échoué à regagner les deux villes.