Le FMI préparera une revue des dépenses publiques avec la Banque d'Algérie pour s'assurer que les projets d'investissements seront d'une bonne qualité. Le développement économique en Algérie en 2005 s'annonce très favorable tiré par une augmentation de la production des hydrocarbures, des secteurs du Btph et des services. Le taux de croissance réel de l'économie demeurait aux environs de 5%, l'inflation reste maîtrisée et le taux de chômage devrait continuer sa tendance baissière. C'est le constat établi, hier, par une mission du Fonds monétaire international (FMI) lors d'une conférence de presse. La mission s'est clairement prononcée sur la question de l'augmentation des salaires. «Il y a une pression sur l'économie de revoir les salaires à la hausse, chose qui affectera la compétitivité», indique la délégation. Selon elle, il y a nécessité donc de l'adoption d'une politique salariale visant à préserver la compétitivité des entreprises face à la concurrence extérieure accrue car «l'économie algérienne devient de plus en plus ouverte à l'extérieur». «C'est vrai que la concurrence permettra aux entreprises de se mettre à niveau mais», ajoute-t-elle, «elle contraint cette augmentation des salaires». «Il serait opportun d'entamer une réflexion sur la rationalisation de la fiscalité en éliminant les exonérations et de réduire davantage les charges patronales pour encourager les investissements et créer des emplois dans le secteur formel». La mission souligne que les prix de pétrole resteront assez élevés. Elle explique que cette hausse sur les marchés internationaux a renforcé davantage la position financière de l'Algérie vis-à-vis du reste du monde. La délégation du FMI a avancé que la discipline budgétaire et la politique monétaire prudente ont continué durant la première moitié de 2005. En même temps, ajoute la délégation, le taux de croissance du crédit à l'économie s'est accéléré tandis que les créances non performantes se situent à un niveau élevé. Le gouvernement algérien, indique toujours la délégation, a mis en oeuvre d'importantes réformes structurelles en 2005, notamment l'entrée en vigueur de l'accord d'association avec l'UE, la modernisation du cadre législatif et réglementaire du secteur des hydrocarbures, la loi relative à la lutte contre la corruption et le démarrage de modernisation de l'administration fiscale. «Ces développements favorables pour les exportations hydrocarbures à moyen terme constituent une excellente opportunité pour accélérer le rythme de développement économique et social en Algérie et réduire le taux de chômage», estime la mission du FMI. Pour elle, l'ouverture progressive de l'économie algérienne rend impératif l'accélération de ces réformes tout en renforçant le dispositif de protection sociale pour atténuer leur coût social. «L'accélération de l'investissement public est très ambitieuse pour le premier semestre de 2005 et pour l'année prochaine». Le programme économique du gouvernement vise, selon la mission du FMI, l'augmentation des investissements publics dans des secteurs clés comme les infrastructures, l'habitat, l'éducation et la santé. En même temps, considère-t-elle, il est important que les modalités de mise en oeuvre de ce programme permettent d'atteindre les objectifs visés. La délégation parle d'une exécution plus graduelle des nouveaux projets d'investissement inscrits dans la loi de finances 2006 afin de ne pas compromettre la qualité de ces dépenses et de limiter l'impact sur l'inflation, l'utilisation d'une partie de l'espace budgétaire pour appuyer l'accélération des réformes prioritaires. Le FMI préparera, dans ce contexte, une revue des dépenses publiques avec la Banque d'Algérie pour donner une assistance et s'assurer que les projets d'investissements seront d'une bonne qualité. Par ailleurs, la délégation estime que la politique monétaire devrait continuer à jouer un rôle actif en matière de maîtrise de l'inflation. Ceci requiert, selon elle, le renforcement du contrôle de la Banque d'Algérie sur la liquidité du système bancaire et le retour à un taux d'intérêt directeur positif en termes réels. Il est donc nécessaire de mettre en oeuvre sans délai la réforme du système bancaire. A ce titre, la mission du FMI rappelle que dans le passé, la perte dans le secteur bancaire était estimée à 4% du PIB par an. Le coût des dettes sur le bilan des banques était très élevé. Et pour minimiser ces coûts, il faut améliorer le système des changes. La meilleure solution était celle de les privatiser, souligne-t-elle. Dans ce cadre, les priorités sont la privatisation des banques publiques ciblées, autrement dit des établissements à la réputation avérée ainsi que l'intensification des efforts visant l'assainissement de la relation financière entre les banques et les entreprises publiques.