Le Fonds prévoit la poursuite de l'embellie financière en 2008. “Les tendances économiques montrent que les réformes engagées depuis plusieurs années commencent à produire des résultats concrets.” Ce sont les premiers constats livrés hier, lors d'une conférence de presse organisée à l'hôtel El-Aurassi, par la mission du Fonds monétaire international (FMI) qui a séjourné à Alger depuis le 4 novembre dernier pour conduire les discussions annuelles au titre de l'article IV des statuts du FMI. Cette revue fera l'objet d'un rapport qui sera discuté par le conseil d'administration du fonds à la fin du mois de janvier 2008. Le chef de mission M. Dominico Fanizza annonce que la croissance hors hydrocarbures devrait atteindre 6% en 2007. La croissance globale devrait s'établir à un peu moins de 5% à cause de la baisse de la production d'hydrocarbures. L'inflation, grâce à une politique monétaire prudente, reste maîtrisée et devrait afficher un taux de 4% “peut-être un peu moins, autour de 3,7%”, en dépit de la hausse des prix des produits alimentaires frais et importés. Le déficit budgétaire hors hydrocarbures devrait se creuser sous l'impulsion du programme de soutien à la croissance. Néanmoins, la position budgétaire reste solide en raison du niveau élevé des recettes pétrolières qui ont permis une augmentation du stock du Fonds de régulation des recettes. Les perspectives pour l'année 2008 sont très favorables M. Dominico Fanizza prévoit un redémarrage de la croissance des hydrocarbures. Et celle du secteur hors hydrocarbures devrait s'accélérer grâce à la “forte progression” des services, du BTP et une reprise de l'activité dans l'industrie. Le chef de la mission du FMI estime que la position extérieure de l'Algérie devrait se renforcer, avec un excédent du solde extérieur courant atteignant 25% du produit intérieur brut. Abordant la loi de finances 2008, M. Dominico Fanizza estime que “la hausse des recettes hydrocarbures devrait maintenir le surplus global à un niveau élevé en dépit de la forte expansion des dépenses publiques”. Pour autant, le défi pour l'Algérie serait de soutenir cette bonne performance macroéconomique dans les années à venir, de diminuer la dépendance de l'Algérie vis-à-vis des hydrocarbures et diversifier l'économie, réduire le chômage, qui malgré la baisse récente demeure élevé, notamment chez les jeunes. Le FMI met en garde sur le risque d'une hausse de l'inflation que pourrait induire “la politique expansionniste”. “La maîtrise de l'inflation est primordiale pour l'activité privée, la sauvegarde du pouvoir d'achat des populations et la protection des couches les plus défavorisées, qui sont les plus touchées par l'inflation”, pense M. Dominico Fanizza. Il faut, en outre, assurer une bonne qualité des dépenses publiques. “Le PCSC ne pourra avoir d'effets durables sur la croissance que s'il améliore véritablement les infrastructures et le capital humain du pays, sans toutefois accroître le poids de l'Etat dans l'économie”, soutient le chef de mission du FMI. La productivité demeure faible Le plus important, pour le FMI, est de poursuivre les réformes structurelles, destinées à la promotion du secteur privé et améliorer la productivité qui malheureusement demeure faible. Les priorités pour le FMI concernent la dynamisation du système financier, la modernisation de la fiscalité et enfin une intégration accrue de l'Algérie dans les économies mondiales et régionales. “L'amélioration de l'efficacité du système bancaire et financier est essentiel le pour la croissance des hydrocarbures”, souligne M. Dominico Fanizza en évoquant le travail accompli dans le cadre de la mise à jour du programme d'évaluation du secteur financier, à la demande des autorités algériennes. “Les autorités sont en train de faire des progrès significatifs à ce niveau-là”, relève le chef de la mission du FMI. Christina Durand, du département marché monétaire et des capitaux, estime que la principale évolution, du moins pour le secteur financier non bancaire, enregistrée depuis la dernière mission de 2003 est le développement du marché obligataire, qui permet aux entreprises d'obtenir des financements moins chers. Pour le secteur bancaire, quatre grandes lignes d'actions avaient été proposées en 2003. Il s'agissait de la privatisation de banques publiques, de l'amélioration de l'environnement opérationnel du secteur bancaire et financier (cadre juridique, audit, système de comptabilité...), de la modulation des liquidités d'origine pétrolière et de la stimulation du secteur financier non bancaire. “Des progrès ont été réalisés pour chacune des lignes d'actions”, souligne Christina Durand en évoquant le processus en cours de privatisation du Crédit populaire d'Algérie. Pour l'avenir, Mme Christina Durand estime que la dynamisation du secteur bancaire doit être poursuivie, en clarifiant le rôle de l'Etat actionnaire dans les banques publiques, en établissant une concurrence entre secteurs privé et secteur public. Dans le domaine non bancaire, le FMI suggère de penser aux secteurs des assurances. Les sociétés d'assurances sont des investisseurs institutionnels importants, pour l'animation du marché obligataire. La mission pense que, en matière de marché obligataire en Algérie, il devrait être “beaucoup plus développé”, qu'il ne l'est actuellement. Le dinar algérien est resté à son “niveau d'équilibre” Interrogé sur l'évolution du taux de change du dinar par rapport à l'euro et au dollar, M. Dominico Fanizza estime, en évoquant les conclusions de la mission, que le dinar algérien est resté à son “niveau d'équilibre”, c'est-à-dire en cohérence avec la stabilité extérieure du pays. Le chef de la mission du FMI affirme que “l'approche flexible”, adoptée par la Banque d'Algérie en matière de gestion du taux de change du dinar, “est un important acquis”. Au sujet de la spécialisation de certaines banques, la mission du FMI estime n'avoir pas de commentaire à faire. Ce qui est important pour les banques, estime Christina Durand, c'est qu'elles aient des positions claires de ce qui est attendu d'elles de la part de l'Etat actionnaire. Concernant les créances non performantes, sans avances de chiffre de ratio, M. Dominico Fanizza parle de progrès. Une question importante, selon lui, estimant que parallèlement à la croissance du crédit au secteur privé, ce qui est une bonne nouvelle, il faut s'assurer que cette croissance ne se traduise pas par une détérioration de la qualité du crédit. Meziane rabhi