Le président irakien déchu a connu un parcours politique atypique dans le Landerneau arabe. Saddam Hussein, jugé à partir d'aujourd'hui, a marqué l'histoire récente de l'Irak qu'il a lancé dans une guerre contre l'Iran, une invasion du Koweït et exposé à deux conflits armés contre des coalitions internationales dont le dernier a provoqué sa chute. Il aura ainsi justifié sa réputation de «bagarreur», ce que signifie son prénom en arabe, et un destin peu commun qui l'a conduit de sa campagne pauvre à la tête de l'Etat et ensuite aux geôles américaines. Saddam Hussein vient à la politique assez jeune en adhérant, à 20 ans, en 1957, au parti Baas, celui nationaliste et socialisant, qui se veut le champion de la «résurrection arabe». Et il y connaît une ascension fulgurante jusqu'à en faire l'outil de son pouvoir absolu et l'instrument de ses rêves de grandeur. Il n'hésite devant rien pour contrôler l'appareil de ce parti, y compris en le purgeant, comme en 1979 à son arrivée au pouvoir, en exécutant 23 de ses «camarades». Pendant les premières années de son pouvoir, le pays prospère, aidé par les revenus pétroliers et d'ambitieux programmes de développement. L'Irak devient, en partie pour sa guerre contre l'Iran, le pays arabe phare, celui qui a remplacé l'Egypte de Gamal Abdel Nasser, Le Caire s'isolant de son environnement à cette époque en négociant la paix avec Israël. «L'Irak combat d'une main et construit de l'autre», avait l'habitude de dire Saddam Hussein dans ses discours fleuves, alors que le pays construisait autoroutes, aéroports, universités et hôpitaux. L'argent des pays arabes, notamment ceux riches du Golfe, se déversait par milliards de dollars sur l'Irak qui disait mener la guerre contre l'«ennemi héréditaire persan pour protéger le portail oriental de la nation arabe contre les tentatives de l'Iran d'exporter la révolution islamiqu». L'Occident, alarmé par l'activisme des «mollahs» qui ont renversé son allié le Chah d'Iran, approuve la guerre en 1980 et vend armes et munitions à l'Irak. Mais ce qui était présenté au départ comme une balade de l'armée irakienne en Iran se transforme en un long et coûteux conflit qui épuise le pays, humainement et économiquement. Lorsque l'ayatollah Ruhollah Khomeiny accepte le cessez-le-feu en 1988 en disant qu'il était «plus amer que le poison», les caisses de l'Etat irakien sont à sec. C'est apparemment un conflit pétrolier qui déclenche l'invasion irakienne du Koweït le 2 août 1990 mais en fait les monarchies du Golfe sont plus réticentes à aider financièrement leur voisin du nord. L'armée de Saddam Hussein contrôle le territoire koweïtien en quelques heures mais provoque une crise mondiale majeure qui donnera lieu à la mise en place d'une large coalition de plus de 30 pays, conduite par les Etats-Unis. La crise divise les Arabes. Les armées égyptienne et syrienne participent à la coalition, dénoncée par d'autres pays arabes et les foules arabes s'enflamment pour le «héros de Baghdad» qui a osé attaquer Israël aux missiles. L'armée de Saddam Hussein, pourtant décrite comme la cinquième du monde, est balayée en quelques jours de Koweït et son régime risque de s'effondrer avec le soulèvement de la population chiite dans le Sud. Saddam Hussein écrase la rébellion dans le sang avec l'accord tacite des Américains, et l'Irak, maintenu sous un rigoureux embargo international, s'affaiblit. Parallèlement, la pression ne cesse de s'accentuer contre le régime accusé de développer en secret des armes de destruction massive qu'on ne trouvera jamais. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne utiliseront cet argument d'armes prohibées pour lancer la guerre en mars 2003 et leurs armées provoquent la chute du régime le 9 avril. Saddam Hussein reste introuvable mais il finira par être capturé par les soldats américains sans résistance le 13 décembre du côté de Tikrit, sa ville d'origine. Les images humiliantes de sa capture dans un «trou à rat» feront le tour du .