Ankara a toujours clamé sa volonté d'éliminer la menace kurde Un entretien a eu lieu alors que des patrouilles conjointes américano-turques opéraient des missions de surveillance dans la ville de Minbij où se trouvent les YPG, considérées comme terroristes et bombardées par Ankara et qualifiées d' «alliées» par Washington! En reprenant les bombardements de positions des Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition arabo-kurde soutenue par les Etats-Unis, la Turquie a de nouveau fait monter les tensions dans le nord de la Syrie à un moment où tous les regards étaient encore braqués sur la province d'Idlib. La réaction des groupes kurdes, FDS et leurs affidés des Unités de protection du peuple (YPG) qui ont décidé de geler les combats contre...Daesh en guise de protestation contre les attaques turques a poussé Washington à «regretter» le comportement d'Ankara, de sorte que les chefs d'Etat américain et turc ont dû convenir lors d'un entretien téléphonique jeudi dernier de...poursuivre les concertations convenues voici quelques mois, au plus fort d'une crise identique pour les mêmes motifs mais à Minbij, cette fois. Or, cet entretien a eu lieu alors que des patrouilles conjointes américano-turques opéraient des missions de surveillance dans la ville de Minbij où se trouvent les YPG, considérées comme terroristes et bombardées par Ankara et qualifiées d' «alliées» par Washington!L'entretien entre le président Trump et son homologue turc le président Erdogan a, dit-on, porté «notamment» sur le dossier syrien, c'est-à-dire à la fois les rapports que doivent convenir les deux pays dans la région de Minbij et plus globalement la situation qui prévaut à Idlib, cet ultime bastion des groupes terroristes dont certains, qualifiés de rebelles, sont soutenus par la Turquie! L'accord russo-turc de Sotchi, arraché in extremis par Erdogan à Vladimir Poutine, a convenu de la création d'une zone démilitarisée et le retrait des armes lourdes des factions insurgées proches d'(Ankara tandis que les groupes terroristes sont supposés devoir quitter le territoire avant la date butoir de fin octobre. Le plus puissant de ces groupes terroristes, Al Nosra rebaptisée sous d'autres appellations par deux fois mais toujours liée à Al Qaïda, a clairement signifié une fin de non-recevoir tant pour le dépôt des armes lourdes que pour le retrait d'Idlib, auquel cas on voit mal comment la situation va devoir se clarifier. Bon prince, Poutine a de nouveau consenti un autre délai pour permettre à Erdogan de réussir son pari qui consiste à maintenir les forces armées turques dans le nord de la Syrie afin d'y accroître sa pression sur les factions kurdes indépendantistes que la Turquie accuse de liens directs avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Et les Etats-Unis en profitent pour faire savoir que leurs troupes, stationnées du côté de Deir Ezzor où elles soutiennent les assauts des FDS contre Daesh tout en cherchant à s'emparer de cette province pétrolière voisine de l'Irak et affrontent pour cela l'armée syrienne qui contrôle la ville et reste très engagée dans toute la province, n'ont pas l'intention de se retirer non plus de cette portion du territoire syrien avant quelques années. Comme en juin dernier, lors de pourparlers au plus haut niveau et d'un accord sur le retrait des YPG de Minbij ainsi que de la mise en place de patrouilles conjointes américano-turques dans cette ville, Trump et Erdogan ont convenu de «maintenir un contact étroit» tant sur les sujets bilatéraux que pour les questions régionales et ont réaffirmé leur «détermination» à renforcer davantage la coopération politico-militaire qui les unit, dans le cadre de l'Otan notamment. Autant dire que pour les factions kurdes, les nouvelles ne sont vraiment pas réjouissantes, en dépit du soutien officiel de leur «allié» américain. Quant à Idlib, il semble que les efforts accomplis jusque-là pour extirper de cette province la présence terroriste et extrémiste de tous poils se soient irrémédiablement enlisés dans les sables mouvants de la politique politicienne, sous prétexte de débattre de la mise en place d'un comité constitutionnel et de l'avenir de la Syrie «sans Bachar al Assad». La charrue avant les boeufs, en somme.