La salle El Dzair de la Safex a accueilli hier matin dans le cadre de la 23ème édition du Sila les invités de la 10e Rencontre euro-maghrébine des écrivains. Une journée placée sous le thème du «Souvenirs Souvenirs!» Pour ce faire, de nombreux écrivains d'ici et d'ailleurs se sont succédé pour évoquer leurs rapports aux souvenirs dans leur écriture. Il est bon de rappeler que cette manifestation est organisée comme chaque année par la délégation de l'Union européenne en Algérie. Parmi les auteurs ayant pris la parole on citera l'auteur de Alger, le cri et l'Effacement à savoir Samir Toumi qui fera remarquer que «le souvenir a été conçu de façon nombriliste dans le premier roman tandis que le second roman était basé sur les souvenirs d'un père qui peuvent être lourds à la fois sur son fils et sur la nation». Pour Samir Toumi, écrire permet d'aller vers le souvenir, permet de le formuler, et «à partir de ce moment on se rend compte que ces propres souvenirs peuvent toucher le collectif et c'est cela la force de la littérature», a t-il estimé et d'évoquer la notion d'«effacement» qui s'apparente selon lui à la phase «meurtrière du souvenir» car «on se rend compte que ce souvenir collectif peut vous enfermer, voire vous dévorer. Ce qui va arriver au fils qui a ce sentiment de vivre à l'ombre des souvenirs glorieux et flamboyants du père sans la capacité de rivaliser avec». Et d'indiquer «le souvenir pourtant, c'est ce qui fond l'individu, son identité, la parole d'une société... Partageant avec lui cette table ronde l'écrivain roumain Loan T. Morar dira être dans le désir d'écrire une image de brique rouge lumineuse, un souvenir qui le hante aujourd'hui en souvenir de la guerre qu'a connue son pays. Aussi cessera-t-il d'écrire le jour où il atteindra cet objectif-là. Car pour lui l'écrivain a le devoir de transmission du souvenir. «Le souvenir c'est la nourriture de l'âme et de l'esprit. Je me souviens, donc j'existe. Donc je dois écrire parce que je fais de la littérature. J'écris contre l'oubli au service de la vérité historique.» Plus tôt dans la matinée, l'écrivaine algérienne installée au Canada, Nassira Belloula, estimera qu'il y a une différence dans l'utilisation du souvenir. Dans la fiction parfois j'utilise un souvenir mais inconsciemment et je le remodèle pour l'adapter à ce que je veux écrire. Ecrire ses souvenirs ce n'est pas automatique. Il y a une différence dans la manière d'utiliser le souvenir». Pour l'écrivain espagnol Enriquez Martinez, «le souvenir et tout ce qui tourne autour se nourrissent de notre expérience et notre vécu et la nostalgie est un sentiment qui vient s'ajouter à cela. La nostalgie pour moi est la mémoire du souvenir oublié. L'observation est l'aliment qui va nourrir notre production».