Sur les 18 000 tonnes sollicitées lors du 4ème trimestre 2018, seules 6 000 t ont été accordées. Les transformateurs de lait et de produits laitiers sont dans la «tourmente». Et pour cause, ils souffrent de difficultés d'approvisionnement en matières premières de production et de transformation de lait et produits laitiers. C'est dans un plaidoyer, à la limite virulent, que le président de l'Apab (Association des producteurs algériens de boissons), Ali Hamani, a contesté les agissements des pouvoirs publics à leur encontre. Il lance un véritable cri d'alarme en direction des pouvoirs publics, en déclarant que l'Apab sollicite la prise en charge de l'indisponibilité des matières premières laitières pour préserver l'outil de production qui emploie quelque 30 000 personnes. Récemment, a-t-il dit, une entreprise nationale a mis au chômage «technique» 200 travailleurs, faute de matières premières. Les matières premières défaillantes quant à leur importation, sont celles de la poudre de lait (26% MG et 0% MG) et des fromages de fonte (type Cheddar). Cette filière, précise Ali Hamani, représente une trentaine d'entreprises dont certaines sont affiliées à l'Apab. Elles produisent des laits et dérivés du lait comme les laits pasteurisés, stérilisés et stérilisés UHT, les yaourts, tous types de fromages, le «l'ben» et le «rayeb», les beurres, etc. Le locuteur a exclu dans son discours les fabricants de lait partiellement écrémé, pasteurisé en sachet et subventionné par l'Etat. Ces derniers représentent 116 laiteries, dont 16 relevant du secteur public (Giplait), lesquelles sont régulièrement approvisionnées par l'Office national interprofessionnel du lait (Onil). Contrairement aux laiteries conventionnées par l'Onil et alimentées en quotas de lait et de matière grasse laitière Anhydre (Mgla), les producteurs dont l'activité est la transformation des laits et produits dérivés, «importent leurs propres matières premières». Ces importations se faisaient jusque-là «sans aucun problème», mais sont devenues rares depuis l'instauration des licences d'importation, se plaint l'Apab. Cette raréfaction a empiré depuis le début de l'année 2018, suite aux difficultés que rencontrent les industriels du secteur pour obtenir des «dérogations sanitaires d'importation (DSI) comportant les quantités sollicitées. Ces DSI sont devenues, selon Hamani, un «frein» aux producteurs et aux investisseurs de la filière. Il regrette par ailleurs que les quantités de matières premières réellement attribuées jusqu'à septembre 2018, n'ont jamais dépassé la moyenne de 40% des capacités réalisées et des quantités attribuées lors des précédents exercices de 2015,2016 et 2017. Les demandes d'audience adressées au premier responsable du Madr, qui assure la tutelle des services vétérinaires pour examiner le problème, sont hélas restées vaines à ce jour. Les dérogations sanitaires présentent divers inconvénients dont certains ont été cités par Hamani. Il s'agit de l'absence de coordination entre le ministère de l'Agriculture et celui du Commerce, l'absence d'une approche «claire, transparente et acceptable» par les professionnels qui dénoncent certains importateurs qui procèdent carrément à la revente «en l'état» de leurs produits sur le marché parallèle à un prix exorbitant, soit 510 DA le kg au lieu de 350 DA/kg de poudre de lait. Dans son intervention, Hamani se félicite toutefois du fait qu'un certain nombre de producteurs-transformateurs soient parvenus à «concrétiser des opérations d'exportation de laits et produits laitiers». «Ces opérateurs méritent d'être soutenus par les administrations concernées, pour la continuité et la régularité de telles opérations commerciales», estime Hamani.