Seules 400 sur les 1 200 entreprises privatisables ont été rachetées depuis le lancement en 2003 de l'opération, soit à peine le tiers du lot. Ce maigre constat nous amène à nous interroger sur les véritables « blocages » qui ralentissent le processus de privatisation qui avait fait dire «très justement» au ministre de la Participation et de la Promotion des investissement, Abdelhamid Temmar, qu'«il ne s'agit pas de discuter de la faisabilité de la privatisation de telle ou telle entreprise retenue, mais de chercher la meilleure manière possible de le faire». Présentant devant la commission des finances de l´Assemblée populaire nationale (APN) pour l´examen du projet du budget sectoriel pour l´année 2006, les procédures de privatisation et de promotion des investissements et de l'industrie, M.Abdelhamid Temmar a proposé la création d´une caisse nationale de mise à niveau des petites entreprises. Cette caisse devra oeuvrer à les rendre plus concurrentielles et les préparer à l´ouverture du marché à travers la mise en oeuvre de l´accord d´association avec l´Union européenne (UE) entré en vigueur début septembre 2005 et l´adhésion future de l´Algérie à l´Organisation mondiale du commerce (OMC). Pour ce faire, la nature de l´investissement, la valeur ajoutée et la garantie à la croissance... sont certes, les conditions qui doivent être réunies, comme l'a indiqué le ministre, mais il ne faut pas non plus occulter les difficultés rencontrées qui font traîner en longueur les efforts et la volonté de parvenir rapidement à une privatisation correcte des entreprises éligibles. Parmi ces difficultés, une bureaucratie récurrente faisant loi et un système suranné paralysant le système bancaire. Ce secteur, alourdi lui-même par une bureaucratie pesante, ne suit pas non plus les réformes impératives de l'économie nationale. Il a besoin, du reste, d'une sérieuse mise à niveau pour être au diapason des mécanismes financiers mondiaux. Le passage d'une économie planifiée à une économie de marché nécessite impérativement un train de réformes, dont le secteur bancaire occupe une place prépondérante. Ce secteur demeure caractérisé par la position dominante des banques publiques qui contrôlent pas moins de 93 % du financement de l'économie, tout en assurant 100% du financement des entreprises publiques économiques. Celles-ci disposent en outre du plus important réseau avec 1013 agences sur un total de 1050. L'on constate également une insuffisance flagrante de bancarisation avec la faible densité bancaire d'une seule agence pour 30.000 habitants, alors que le taux actuel relevé dans les pays développés s'élève à un bureau pour 5000 habitants ou à une agence pour 10.000 habitants dans les pays moins développés. L'urgence d'une réforme bancaire se confirme et prend forme avec le lancement du processus de privatisation du Crédit Populaire d'Algérie (CPA). Cette réforme fera jouer aux banques leur rôle naturel de financement de l'économie en lui offrant un cadre propice à la croissance et à l'investissement dans un marché, national et international, en pleine mutation. L'autre obstacle de taille se distingue par la question du problème du foncier industriel qui connaît moult difficultés, dont notamment l'acquisition de terrains par des investisseurs étrangers souvent à des prix prohibitifs et dans des régions jugées «inadéquates» pour une activité économique. Alors que les zones industrielles du nord du pays connaissent une certaine saturation, d'autres régions du pays, les Hauts plateaux notamment, offrent des possibilités d'installation alléchantes tant au prix du terrain que de la disponibilité d'une main-d'oeuvre «bon marché». Le ministre a évoqué par ailleurs, une réforme des mesures destinées à accompagner les hommes d´affaires dans la réalisation de leurs projets. Cette action est également de mise pour encourager les éventuels acquéreurs, nationaux ou étrangers, d'entreprises à privatiser. Le ministre s'est toujours imposé l'impérative condition de «faire le mieux possible pour sauvegarder le tissu industriel, préserver l'emploi en intégrant l'économie nationale». D'ailleurs, comme l'a relevé le ministre de la PME et de l'Artisanat Mustapha Benbada, les entreprises privatisées ont connu des performances dès les premiers mois de leur activité en tant que telles. Les préoccupations premières des députés émises quant au processus de privatisation mis en branle, sont le maintien des postes d´emploi et «l'inévitable» impact sur le secteur public. Ils ont en outre appelé à ce que des mesures soient prises rapidement pour faire face à ces éventuels risques. Affirmant que les moyens financiers sont disponibles, ils ont proposé également la création d´un fonds spécial pour le foncier industriel au niveau du ministère, pour l´acquisition des assiettes des entreprises ainsi que la révision de certaines dispositions relatives aux marchés publics. La tenue prochaine à Oran, du 6 au 9 novembre 2005, du 3e Salon bi-annuel international du partenariat des approvisionnements et de la sous-traitance (Sipat 2006), permettra de présenter aux nombreux participants étrangers prévus, les atouts du marché algérien. Celui-ci a en effet connu des nouveautés, comme l´introduction des concepts de privatisation, de compétitivité et de la maîtrise des méthodes et modes de maintenance. L'option privatisation occupe, bien sûr, une place de choix parmi les opportunités d'affaires qui seront soumises aux participants du salon Sipat 2006. La Bourse de la sous-traitance et du partenariat de l'Ouest (Bastp) qui organise cette manifestation économique d'importance, et qui prévoit une large participation étrangère, mettra à la disposition des participants les opportunités de partenariat ou de privatisation, de sous-traitance et d'investissement en Algérie, et la prospection des voies permettant de répondre aux attentes du marché. Parallèlement, le gouvernement est appelé à encourager le rapatriement des capitaux tout en accordant une importance particulière à la communauté des entrepreneurs français d'origine algérienne, dont le premier pas pourrait être l'intérêt direct aux privatisations. Ce paramètre pourrait encourager la privatisation des entreprises éligibles. L'installation, la révision et l'assainissement d'un dispositif d'un marché des changes et de la devise sont par ailleurs suggérés par la nouvelle orientation économique du pays.