Mohieddine S. a 20 ans. Pris avec des stups, il dénonce Brahim J. comme étant le dealer... Mais le suspect jeune, change de tactique devant la police judiciaire et le procureur. à la barre, l'inculpé va encore changer la règle du jeu, en donnant une autre version Maître Mohamed Djediat, l'avocat de Mohiedine. S. et de Brahim, est resté longtemps calme. Au bon moment, il s'est déchaîné et était entré sur le ring en vue de prouver que, malgré la volte-face du plus jeune inculpé qui a reconnu devant la police et le parquet, s'est rétracté, et il en a le droit. «Mes clients disaient vrai.» a affirmé le conseil face à la jeune et pétillante présidente de la section correctionnelle du tribunal qui veille au grain en sa qualité de détentrice de la police de l'audience. L'avocat des... jeunes inculpés a une façon bien à lui de plaider. Il suit les débats, surveille de près les éventuelles entorses faites à la loi, pose quelques questions lorsque le tribunal le lui permet et dès qu'il commence à plaider, il s'accroche d'emblée aux irrégularités relevées sur le procès-verbal de la police judiciaire, allant parfois jusqu'aux déclarations contradictoires des détenus qui clouent ses clients, risquant une lourde peine. Avec en face, un adversaire de la race d'un procureur rigoureux, pointilleux à l'extrême, qui a soulevé, outre l'usage des stups, la détention et la commercialisation de drogue. Alors qu'il s'agit en réalité de deux drogués comme ceux qui écument nos cités et quartiers! «Il semble que le parquetier ait fait confiance au hasard qui a permis d'arrêter les deux jeunes qui fumaient, certes, mais jamais, ils ne se sont amusés à être des revendeurs ou si on veut employer les grosses formules à sensation, des dealers. Une infime quantité de came a été trouvée sur eux. Pas une tonne car, si jamais c'était le cas, les policiers auraient amené cette grosse quantité de drogue, qu'on aurait vue sur votre pupitre, Mme la présidente! Soyez raisonnable, car vous n'avez pas appris à l'école, premier client à sniffer suite à l'accoutumance de médicaments prescrits après son hospitalisation, juste après son accident de la circulation. «Il avait eu un traumatisme crânien» a- t- il expliqué entre deux courtes pauses, avant de revenir au portrait robot du fameux revendeur:lui a dit que le dealer était un brun foncé, or, il y a dans notre pays des millions de jeunes au teint brun foncé!» a murmuré presque en guise de ´´frein à mains´´, Maître Djediat qui n'aura de cesse de gesticuler face à une glaciale présidente, d'habitude chaleureuse, débonnaire et attentive aux arguments de la défense. Le conseil était tout retourné à l'idée catastrophique, que la juge avait son idée toute faite avant même d'entrer à l'audience. En évitant de blesser la magistrate, il lui a dit haut et fort ce qu'il pensait d'elle en ce moment. Il s'agit surtout de l'avenir d'un jeune de vingt ans qui est en jeu! Gardant son sang-froid, la juge a eu des mots simples mais qui résonnaient très forts en sous entendus: «Allez, Maître, dites le mot: j'ai pris partie! Ou si vous voulez préciser, je suis entrée à l'audience pour condamner des jeunes qui ne m'ont rien fait! N'est-ce pas ce que vous voulez dire ou insinuer: prenez -le comme il vous plaira?» martela la magistrate qui semblait se laver de tout soupçon de hogra vis-à-vis des deux jeunes que Maître Djediat a défendus avec une opiniâtreté jamais vécue durant l'année 2018! Les vices de forme ayant beaucoup joué dans ce dossier, mal étoffé, vont faire que votre indulgente sentence sera à la hauteur des espérances des citoyens qui croient en la justice!» a enfin marmonné Maître Djediat. L'avocat a crié fort que les détenus étaient loin de l'inculpation. «Y-a-t-il deux personnes, le dealer et le sniffer pris en même temps? A-t-on trouvé une somme astronomique, fruit d'une quelconque transaction sonnante et trébuchante, en possession des deux inculpés?» a encore questionné l'avocat de la rue Debbih Chérif d'Alger qui a tenu à préciser que ses clients étaient certes, coupables de sniff, mais pas de la terrible et infamante, voire dégradante inculpation de commercialisation de stupéfiants. L'audience de dimanche a donné à réfléchir aux initiés qui ont assisté à une joute entre une juge qui semblait en dedans de son sujet et un conseil attaché aux valeurs de la défense consacrée par la Constitution de 2016.Le défenseur est longuement intervenu juste après que le procureur du dimanche eut demandé six mois ferme pour un jeune de 20 ans et un an de prison ferme pour le second inculpé, qui avait bonne mine lorsque Mohiédine s'était rétracté devant le tribunal. «Ce n'est pas Brahim qui m'a revendu la drogue. C'est une méprise. C'est quelqu'un qui lui ressemble» a martelé et sans sourciller l'inculpé. Est-ce que le tribunal va suivre et marcher? Sur le siège, le verdict aura été: «Une cure de désintoxication pour l'un et six mois d'emprisonnement ferme pour le second.»