Les ministres du Pétrole de l'Opep, réunis vendredi dernier au Caire, se sont finalement prononcés pour une baisse de leur production à hauteur d'un million et demi de barils par jour durant le premier semestre 2002. Une décision sans surprise aucune d'un cartel disposé fermement à soutenir les cours qui, depuis les attentats du 11 septembre, ont marqué une chute vertigineuse et ont confirmé, de ce fait, la récession économique mondiale. Cette annonce avait, toutefois, engendré un léger repli des cours du brut que les ob-servateurs ont vite attribué aux courtiers. Ces derniers seraient sceptiques quant à la capacité du cartel à mettre en pratique sa décision qui, en somme, équivaut à 8% de sa production totale. Dans ce sens, certains analystes rappellent amèrement que l'organisation dépasse souvent de 20 à 30% son niveau de production officiel. L'organisation avait déjà consenti une baisse de sa production évaluée à 3,5 millions de barils depuis le début de l'an dernier. La nouvelle réduction qui vient d'être décidée porte ainsi le total à 5 millions de bj de moins par rapport à sa production en janvier 2001. En parallèle à cette baisse annoncée, le cartel avait exigé, vers la mi-novembre dernier, que les pays non-membres de l'Opep réduisent leur production à hauteur de 500.000 barils/jour. Ces pays, par des annonces sporadiques et affectées par les réticences fâcheuses de la Russie, ont fini par promettre une fermeture globale des vannes à hauteur de 462.500 bj. Il reste maintenant que la promesse russe de réduire sa production de 150.000 bj soit traduite sur le terrain. En effet, n'est-il pas pertinent de rappeler que l'administration Poutine, contrairement aux pays mem-bres de l'Opep, s'est fixé, une période de trois mois seulement pour baisser ses exportations, mais, passé ce délai, elle sera libre de réinvestir le marché comme bon lui semble. Ce qui nous laisse présager un langoureux bras de fer d'ici à la fin du premier trimestre 2002. Entre autres décisions, les ministres de l'Opep envisagent de suspendre le mécanisme de régulation des prix mis en place afin de maintenir les cours dans la fourchette (22 et 28 dollars) le baril. «Il est illogique de définir aujourd'hui un prix entre 19 et 22, ou entre 22 et 28 USD», affirmait le ministre saoudien du Pétrole Ali al-Nouaimi avant d'ajouter que «durant cette période, le mécanisme des prix doit être suspendu». Il s'agit donc pour l'Opep d'éviter que les pays consommateurs n'arrivent à reconstituer leurs stocks. Ce qui induira systématiquement un effondrement certain des prix du brut durant le premier semestre 2002. Avec cette baisse, le ministre algérien estime, toutefois, qu'il serait «réaliste» de s'attendre à un prix moyen de 22 dollars le baril durant le premier semestre. Pour ce qui est du deuxième semestre, l'Opep compte sur une reprise significative de l'économie américaine pour concéder une augmentation «probable» de sa production selon les propos de Chakib Khelil, président en exercice du cartel. «Il y aura, a-t-il déclaré hier, une demande beaucoup plus accrue pour le pétrole brut et forcément un renforcement des prix à ce moment-là, et probablement une plus grande offre non seulement de l'Opep, mais des pays hors Opep.»