Le secteur économique informel représente une part non négligeable de l'économie nationale. Un tiers de la masse monétaire de l'Algérie circule en dehors du circuit bancaire. C'est ce qu'a affirmé Mohamed Lahbib Koubi, directeur du crédit et de la régulation bancaire à la Banque d'Algérie, en marge du symposium algérien sur les assurances et la finance islamique. Ce qui signifie que près de 1500 milliards de dinars circulent en dehors de tout circuit bancaire, et donc en dehors de tout contrôle. Koubi a déclaré que cette part était «très élevée». Il a également soutenu que le pays avait tout intérêt à collecter ces immenses ressources, qui circulent dans le circuit informel. La diversification et l'adaptation des produits d'épargne semblent être «une nécessité impérieuse pour l'économie nationale», selon lui. Depuis 2015, les autorités ont fait plusieurs tentatives de captation de ces ressources qui échappent à tout contrôle et qui représentent un terrible préjudice au pays, notamment au financement des investissements. Parmi les tentatives, ce qui a été appelé la «mise en conformité fiscale volontaire», qui consiste à donner la possibilité à tous les détenteurs de fonds «informels», à les «formaliser», c'est-à-dire à les introduire dans le circuit bancaire en ne payant qu'un droit minime, qui représente 7% de la somme déposée en banque. L'Etat assure ainsi le dépositaire contre toute poursuite judiciaire ou fiscale quant aux sommes déposées. Certains acteurs économiques en rêveraient dans d'autres pays. Blanchir autant d'argent qu'ils veulent, sommes probablement acquises de manière douteuse, et certainement en fraudant le fisc, en ne payant qu'un droit de 7%. À quoi bon mettre ces sommes à la banque au vu de la faiblesse de la rémunération de l'épargne? Les taux d'intérêt étant le plus souvent inférieurs au taux d'inflation. Parmi les garanties qui ont été offertes également au sein de ce dispositif, la libre disposition des fonds ainsi que la régularisation de la position fiscale. Un autre dispositif de l'Etat a été le lancement de l'emprunt obligataire, avec un taux d'intérêt de 5% à 3 ans et 5.57% à 5 ans. Parmi les freins principaux, la faiblesse de ce taux. Pourtant les titres pouvaient être nominatifs ou au porteur. Le secteur économique informel représente une part non négligeable de l'économie nationale, et une bonne partie des transactions se fait sans facture et en cash. Ce qui représente un préjudice fiscal considérable et un danger pour les finances nationales. L'activité économique du secteur informel gagnerait pourtant à se régulariser, grâce à l'accès au crédit et à la propriété que cette formalisation lui permettrait. Les personnes employées dans le secteur informel, 45% de la main-d'oeuvre non agricole selon l'ONS, sont dépourvues de toute couverture sociale. Elles sont également dépourvues de protection en cas de non-paiement des salaires, dépourvues d'assurance maladie, chômage et retraite. De plus, la concurrence avec le secteur formel est déloyale de par l'absence des charges sociales et des taxes.