L'éclatement de cette affaire est le fruit de l'application stricte de loi relative à la lutte contre la corruption. Le nouveau scandale qui a éclaté au sein de la Banque nationale d'Algérie (BNA) suscite des interrogations concernant la pertinence du système bancaire. Y a-t-il vraiment un contrôle rigoureux au niveau des banques? «Non», estime M.Zouaoui de la Fédération des finances, joint, hier, par téléphone. Interrogé sur le détournement de fonds à la BNA, le président de l'Association des banques et établissements financiers (Abef), M.Benkhalfa, était peu prolixe. Il s'est contenté de répondre: «Le dossier est pris en charge par la justice. Une fois l'affaire terminée, nous tirerons les conclusions». Ne faisant aucun commentaire sur cette affaire, M.Benkhalfa a rappelé que son institution est chargée du développement des services bancaires «et les établissements bancaires ne relèvent pas des attributions statutaires de l'Abef». De telles déclarations d'experts de la finance renseignent bien sur la situation «défaillante» de l'actuel système. Dans le cas de la BNA, des contrôles réguliers s'effectuaient par les inspecteurs généraux et il était impossible que des détournements de montants aussi importants ne soient pas repérés par ces organismes de contrôle. Cependant, l'opération de détournement a été minutieusement préparée par des professionnels, chose qui a empêché les contrôleurs de remarquer ces trous. Ceci renseigne de la déliquescence de l'actuel système bancaire qui, vraisemblablement, a besoin d'une réforme de fond. Sur ce sujet, le président de la Confédération des cadres de la finance et de la comptabilité (CCFC) a toujours affirmé que «la réforme bancaire ne peut se faire dans la corruption et avec le clanisme. Les efforts fournis pour réformer les banques se sont heurtés aux luttes des clans. Il est à noter que même le ministre des Finances, Mourad Medelci, s'est exprimé sur le scandale de la BNA en annonçant qu'en plus de la saisine de la justice, «une série de mesures a été prise au niveau de la banque et du ministère des Finances». Aussi, une commission d'enquête, composée d'Algériens et d'étrangers, se penche actuellement sur l'affaire. «Un tel scandale n'aurait pu se produire si le système électronique des paiements de masse, dont l'entrée en vigueur est prévue en 2006, existait déjà», avait-il souligné. Il est à rappeler à ce propos que le scandale a éclaté dans trois principales agences de la BNA à Koléa, Bouzaréah et Cherchell après plus d'un mois d'enquête sur cette affaire. Six personnes ont été mises sous mandat de dépôt et que, dans le cadre de l'enquête que conduit la brigade économique et financière de la Sûreté de la wilaya d'Alger, l'audition d'une vingtaine de personnes a été menée vendredi dernier par un magistrat instructeur près le tribunal de Sidi M'hamed à Alger. Il faut dire aussi que l'éclatement de cette affaire est le fruit de l'application stricte de loi relative à la prévention et la lutte contre la corruption. La transparence et l'intransigeance ont été exigées dans le traitement des affaires liées à la corruption et le blanchiment d'argent, notamment celles qui concernent les banques privées, certaines institutions et personnalités.