La sortie du souverain alaouite traduit l'incapacité du Maroc à faire de l'Algérie le principal frein à l'édification maghrébine. C'est dans une sorte de lune sans miel que les relations algéro-marocaines évoluent. Après avoir dirigé ces derniers temps une campagne médiatique des plus virulentes à l'égard de Algérie, le souverain marocain, joue depuis quelques jours, aux anges. Il a mis à profit le 51e anniversaire de la révolution algérienne, pour adresser au président Bouteflika un message «lance-fleurs» dans lequel il chante, curieusement, les louanges de son homologue algérien notamment pour sa «perspicacité» à mettre en oeuvre la politique de la réconciliation nationale. Dans sa lettre, le roi du Maroc s'est longuement étalé sur la question de la construction maghrébine à laquelle pourtant il reste à ce jour le principal obstacle. «L'histoire qui a uni les deux peuples voisins sur les plans de la région, de la civilisation et de la langue est le capital précieux qui leur permettra de réaliser les aspirations des générations montantes au progrès et à l'édification d'un avenir commun sous l'égide de l'Union maghrébine dont la construction exige complémentarité, cohésion et coopération», écrit-il. Etrange est, en effet, cette sortie qui a tout l'air de sonner faux. Jamais, depuis quelques années, les relations entre les deux pays n'ont été aussi exécrables. La diplomatie alaouite s'emploie depuis la tragédie humaine des immigrés clandestins à impliquer l'Algérie. Le ministre des Affaires étrangères marocain n'a-t-il pas récemment sur les ondes de la BBC, accusé vertement l'Algérie et le Front Polisario d'avoir exploité ce drame humain pour en faire un grief de plus contre le Maroc? Ne parlons surtout pas de la presse marocaine dont la virulence du ton contre l'Algérie s'accentue au fur et à mesure et prend de plus en plus des allures belliqueuses. Bref, le retournement spectaculaire de Mohammed VI, bien qu'il reste dans un cadre purement protocolaire, traduit les limites de la diplomatie du makhzen dans ses inlassables tentatives de faire de l'Algérie le seul et unique frein à l'édification de l'Union maghrébine.