«Ce que nous vivons actuellement dans nos banlieues est dû à la pression migratoire». La violence qui sévit depuis quelques jours dans les banlieues françaises a constitué le thème prédominant de la réunion informelle du groupe des 5+5 qui s'est ouverte vendredi à Toulouse (France). Alors que Nicolas Sarkozy, ministre français de l'Intérieur n'a pas lésiné sur les propos en qualifiant les émeutiers de «racaille qu'il faut nettoyer au Karcher», le chef de la diplomatie française, Philippe Douste-Blazy, ira plus loin encore en affirmant, hier, lors de l'ouverture de la réunion des 5+5, que le problème des banlieues françaises est le fait du phénomène de l'immigration. En termes propres à lui, le diplomate français a estimé que «ce que nous vivons actuellement dans nos banlieues, les problèmes que nous avons, sont des problèmes majeurs, dus à la pression migratoire». A en croire les représentants du gouvernement De Villepin, l'origine du mal est extra-française. A Toulouse, compte tenu de la tension qui régnait toujours, les controverses entre les ministres des Affaires étrangères des sept pays de la rive nord de la Méditerranée ont pris une autre tournure. A la suite des déclarations, sans doute non innocentes, du chef de la diplomatie française, l'attention est rivée dès lors sur les questions migratoires. Sans détours ni faux-fuyants, la France a soutenu la suggestion espagnole allant dans le but d'organiser une conférence euro-africaine sur les migrations. L'appui français à ce projet est motivé par le souci de trouver un remède efficace au malaise des banlieues qui, d'après Douste-Blazy, trouve sa source dans la question migratoire. A vrai dire, et pour ne pas «nager» dans les profondeurs de cette hypothèse «dousteblazienne», le diplomate français se déclare indirectement partisan de l'«immigration sélective», un projet proposé par son collègue au gouvernement Nicolas Sarkozy. Le chef de la diplomatie française a annoncé, devant ses homologues européens, la disponibilité de son pays à travailler avec l'Espagne et le Maroc, pour une initiative sur les questions migratoires pour le sommet euro-méditerranéen de Barcelone. Lors du même rendez-vous, le représentant du gouvernement italien a fait une autre interprétation au sujet des banlieues françaises «enflammées». Emboîtant le pas à Philippe Douste-Blazy, le chef de la diplomatie italienne Gianfranco Fini a déclaré que la situation dans la région parisienne est «plus grave» que celle qu'a connue l'Italie parce qu'il y a «un conflit social enraciné dans un conflit ethnique». «L'Italie ne connaît pas encore, pour notre chance, une situation pareille», a-t-il souligné. Afin de juguler le problème de l'immigration, qui veut dire, selon la conception de Douste-Blazy, s'attaquer à l'origine du malaise des banlieues, le diplomate français avait évoqué l'idée de créer «un groupe de travail restreint UE-Méditerranée-Afrique sur l'immigration». La Commission européenne serait chargée de faire les recommandations sur les moyens de renforcer la coopération. Toutefois, la stratégie ne doit pas omettre le volet relatif à la régularisation des immigrés illégaux qui n'est pas appliqué, faut-il le reconnaître, par certains pays comme la France. S'ajoute à cela un autre volet jugé aussi important par certains ministres des Affaires étrangères, qui consiste en l'intégration sociale des migrants grâce à des actions de codéveloppement qui devront compléter le volet sécuritaire. La question de l'immigration vers l'Europe, qui est au coeur des débats, a été relancée, rappelons-le, début octobre par les événements tragiques de Ceuta et Melilla.