Sergueï Choïgou saluant les officiers algériens En visite à Alger, le président du Comité de la défense et de la sécurité du Conseil de Russie, a discuté de la création d'une entreprise conjointe de fabrication militaire. Pour garder l'Algérie en pays ami, la Russie de Poutine a repris le flambeau de l'ex-Urss. C'est ce qui vient d'être confirmé, il y a, à peine deux jours, par le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou. Dressant le bilan de l'année 2018, il a énuméré les pays auxquels la Russie donne la priorité dans le domaine de la coopération militaire et l'Algérie figure dans le peloton de tête. «Les événements dédiés à la coopération militaire ont concerné cette année 98 pays. Dans le domaine de la coopération technico-militaire, la Chine, l'Inde, l'Egypte, l'Algérie et le Vietnam sont restés nos partenaires prioritaires. Nous avons accru les contacts militaires au sein de l'Asean», a affirmé Sergueï Choïgou. Cette déclaration qui intervient dans un contexte politique particulier en Algérie, n'est pas passée inaperçue auprès des autres chancelleries étrangères qui s'affairent à percer le «mystère» de l'élection présidentielle. Elle confirme également, que Moscou demeure un allié de taille pour Alger. Ce n'est pas un fait du hasard si l'Algérie s'est appuyée sur l'ex-Urss, puis la Russie, pour s'équiper en armement. Une longue histoire lie ces deux pays. Elle remonte à la guerre de Libération quand le Pcus et le FLN entretenaient déjà de solides relations. Le Parti communiste s'était engagé à aider l'Algérie lors de la révolution, non seulement avec de l'armement, mais par la devise consacrée par les Nations unies au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, à savoir le droit des peuples à l'autodétermination. Les Soviétiques auraient même proposé une solution négociée entre l'Algérie et la France en 1958 et en 1960, l'Urss a été le premier pays à avoir reconnu le Gpra, suivie par la Chine. C'est essentiellement cette profondeur historique qui a fait que l'Algérie s'est résolument tournée vers ce pays afin de développer les relations dans le domaine militaire dès les premières années de l'indépendance. Après la parenthèse de la décennie noire, les deux pays ont rétabli les ponts et décidé de faire de la coopération militaire et technique un domaine-clé de leurs relations. Profitant de l'embellie financière des années 2000, l'Algérie a mené un vaste programme de renouvellement de son arsenal militaire par l'acquisition d'équipements sophistiqués. Dans un entretien qu'il a accordé en juillet dernier à l'agence Sputnik, l'ambassadeur de Russie en Algérie, Igor Beliaev, explique pourquoi l'Algérie achète «beaucoup» d'armes russes depuis des années pour se défendre. Selon le diplomate, la situation au Proche-Orient et les conflits armés dans les pays voisins (Mali et Libye) sont les deux raisons principales qui font que l'Algérie achète la moitié des armes russes exportées vers l'Afrique. Et d'enchaîner: «Ces derniers temps, cette coopération ne cesse de se développer sur l'initiative des autorités algériennes, en raison, probablement, de la situation actuelle au Proche-Orient et en Afrique du Nord», a-t-il indiqué. Depuis ces quelques dernières années, l'Algérie a décidé de mettre en place une industrie militaire qui lui assurerait un transfert de technologie et offrirait au plan économique un tissu industriel militaire. Ainsi, après plusieurs contacts, la démarche semble donner des résultats. À la mi-novembre dernier, lors de sa visite à Alger, Viktor Bondarev, président du Comité de la défense et de la sécurité du Conseil de la Fédération de Russie (chambre haute du Parlement russe) a discuté de la coopération militaire entre la Russie et l'Algérie avec des représentants du ministère algérien de la Défense. Selon M.Bondarev, la possibilité de la création d'une entreprise conjointe de fabrication, de réparation, de prolongation de la durée de vie et d'élimination des munitions guidées et non guidées en Algérie a été examinée.