Fait significatif quant à «l'indépendance» des pays mobilisés contre le Venezuela, les Etats-Unis, qui ne sont pas membres du Groupe, ont participé pour la première fois à la réunion. Les pays du Groupe de Lima, à l'exception du Mexique, ont accentué la pression sur Nicolas Maduro, indiquant à l'issue d'une réunion vendredi qu'ils ne reconnaîtraient pas le deuxième mandat du président vénézuélien qui doit débuter le 10 janvier. A l'issue de la rencontre, 12 pays d'Amérique latine et le Canada ont signé une déclaration destinée à coordonner des mesures à l'encontre du pouvoir de Caracas. Seul le Mexique, dirigé par le président de gauche Andrés Manuel Lopez Obrador, n'a pas signé. «Cette déclaration porte un message politique fort: le principal est sans nul doute la non-reconnaissance de la légitimité du nouveau mandat du régime vénézuélien», a déclaré le ministre des Affaires étrangères péruvien, Nestor Popolizio, lors d'une conférence de presse. Les pays du Groupe de Lima ont également demandé au président socialiste vénézuélien de ne pas débuter son nouveau mandat, qu'ils considèrent issu d'élections illégitimes. Dans l'attente de nouvelles élections, ils lui ont demandé de céder le pouvoir au Parlement, seule institution contrôlée par l'opposition. «Il est très important que le Groupe de Lima ait fait cette déclaration afin de continuer à exercer une pression (sur Caracas) en vue de la restauration de la démocratie au Venezuela», a ajouté le ministre péruvien. Créé en 2017, au moment où le Venezuela était secoué par de violentes manifestations qui ont fait 125 morts et faisait face à une déferlante de l'extrême droite telle que celle du Brésil, le Groupe de Lima comprend l'Argentine, le Brésil, le Canada, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, le Guatemala, le Honduras, le Mexique, le Panama, le Paraguay, le Pérou, le Guyana et Sainte-Lucie. Les positions du Brésil et du Mexique, où les présidents Jair Bolsonaro (extrême droite) et Andrés Manuel Lopez Obrador, aux antipodes sur l'échiquier politique, viennent d'être investis, étaient particulièrement attendues. Le vice-ministre mexicain des Affaires étrangères, Maximiliano Reyes, présent à Lima, avait annoncé dès le début de la réunion que son pays ne se joindrait pas à une déclaration commune.»Le Mexique a décidé de rester membre du Groupe de Lima, mais a expliqué qu'il ne pouvait pas se joindre à la déclaration en vertu d'un principe de non intervention», ont indiqué des sources diplomatiques sous couvert d'anonymat. Fait significatif quant à «l'indépendance» des pays mobilisés contre le Venezuela, les Etats-Unis, qui ne sont pas membres du Groupe, ont participé pour la première fois à la réunion. Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo s'est exprimé par visioconférence depuis Washington après le débat sur la déclaration. Il s'agissait d'un «échange d'informations», a indiqué un des délégués. La participation des Etats-Unis intervient alors que Washington multiplie les contacts avec les pays d'Amérique latine pour renforcer la pression sur Caracas. Mike Pompeo a récemment rencontré le président colombien Ivan Duque et le chef de la diplomatie péruvienne. Un entretien bilatéral en marge de la réunion devait également avoir lieu avec le nouveau ministre des Affaires étrangères brésilien, Ernesto Araujo, selon l'ordre du jour officiel rendu public par Brasilia. Le Pérou et la Colombie sont de féroces critiques du gouvernement Maduro. Début décembre, le Pérou avait proposé aux membres du Groupe de Lima de rompre leurs relations diplomatiques avec Caracas. Une position qui n'a pas été suivie. De son côté, Nicolas Maduro accuse la Maison-Blanche de vouloir le renverser avec l'aide des gouvernements colombien et brésilien. La réaction de Caracas vendredi s'est inscrite dans cette ligne. Le Venezuela a exprimé «sa plus grande perplexité face à l'extravagante déclaration d'un groupe de pays du continent américain, qui après avoir reçu des instructions du gouvernement des Etats-Unis à travers une visioconférence, se sont mis d'accord pour encourager un coup d'Etat», a déclaré le ministre des Affaires étrangères vénézuélien, Jorge Arreaza.