Les pays formant le Groupe de Lima ont indiqué, cette semaine, qu'ils ne reconnaîtront pas le nouveau mandat du président vénézuélien Nicolás Maduro. Dans une déclaration commune rendue publique vendredi, les ministres des Affaires étrangères de 13 pays de la région ont demandé au président vénézuélien de ne pas assumer le pouvoir le 10 janvier. Sans surprise, le Venezuela n'a pas tardé à rejeter cette déclaration. Selon Caracas, Nicolas Maduro a été démocratiquement élu avec plus de 67% des voix. Il n'a donc aucune raison de quitter le pouvoir. Mais pour le Groupe de Lima, son élection est «illégitime». Le processus électoral n'aurait pas été transparent, en particulier à cause de l'absence d'une partie de l'opposition. Pour 13 des 14 pays membres de ce groupe (le Mexique ne s'étant pas joint à l'initiative), constitué en août 2017 pour trouver une issue démocratique et pacifique à la grave crise qui secoue le Venezuela, la dernière élection présidentielle vénézuélienne «n'a pas respecté des standards démocratiques minimum». Au nom de ses collègues, sauf donc celui du Mexique, le ministre péruvien des Affaires étrangères, Néstor Popolizio, a demandé à Nicolás Maduro de «respecter les attributions de l'Assemblée nationale et de lui transférer le pouvoir temporairement jusqu'à l'organisation de nouvelles élections démocratiques». Pour joindre l'acte à la parole, les signataires ont indiqué qu'ils réévalueraient l'état ou le niveau de leurs futures relations diplomatiques avec Caracas quand Nicolás Maduro assumera le pouvoir, rapporte le correspondant de RFI à Lima, Eric Samson. «Preuve que les 14 pays membres ne sont pas tous prêts à l'épreuve de force, la formule est suffisamment vague pour offrir des options plus ou moins agressives, par exemple une rupture des relations diplomatiques ou le remplacement d'un ambassadeur par un chargé d'affaires», indique RFI. Chaque pays pourra également, estime la même source, «choisir de permettre ou non l'entrée sur son territoire des hauts fonctionnaires du régime vénézuélien». Les pays signataires ont enfin décidé d'élaborer des listes de personnes naturelles et juridiques vénézuéliennes qui se verraient bloquer l'accès à leur système financier et pourraient voir leurs biens saisis. Avant même que la réunion du Groupe de Lima ne commence, le ministre des Affaires étrangères vénézuélien, Jorge Arreaza, accusait déjà les pays membres de se soumettre aux Etats-Unis. Selon Jorge Arreaza, le fait que le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, ait pu s'exprimer en est la preuve. «La République bolivarienne du Venezuela tient à exprimer sa grande perplexité face à l'extravagante déclaration d'un groupe de pays du continent américain. Après avoir reçu des instructions du gouvernement des Etats-Unis par vidéoconférence, ils se sont accordés pour encourager un coup d'Etat au Venezuela. C'est un fait sans comparaison dans l'histoire de notre région», a déclaré Jorge Arreaza.