Le n°2 d'Al Qaîda semble peaufiner jour après jour sa stratégie de la menace permanente. Dans sa dernière livraison, le Sunday Times britannique publie un rapport dans lequel il est fait état d'une menace proférée par le n°2 d'Al Qaîda à l'encontre de la reine d'Angleterre, Elizabeth II. Se rapportant à l'enregistrement qui avait été diffusé au lendemain des attaques contre le métro de Londres, et dans lequel un des kamikazes expliquait les raisons de ces attaques ciblées, le Sunday Times rapporte que Aymen Al Zawahiri qualifie la reine-mère d'«ennemi de l'islam». C'est sous ce titre accrocheur que le tabloïd anglais ouvre sa livraison de cette semaine, en y précisant que le n°2 d'Al Qaîda, Ayman Al Zawahiri, la qualifie d'«un des plus grands ennemis de l'islam». Le rapport cité par l'hebdomadaire londonien affirme que cet enregistrement ponctue les séquences déjà diffusées, où l'on voit le jeune kamikaze Seddik Khan, un des auteurs des attentats londoniens, du 7 juillet. L'enregistrement avait été à l'époque diffusé par la chaîne qatarie Al Jazeera, mais en partie seulement. Mais le Sunday affirme que les services spéciaux britanniques ont pu avoir une copie complète de la vidéo, et pour la première fois, on a pu écouter l'intégralité des enregistrements faits par Al Qaîda dans le but de les diffuser après les attaques du 7 juillet. Selon le Sunday, Ayman Al Zawahiri menace la reine en sa qualité de «première responsable des lois des croisés élaborés en Grande-Bretagne contre la communauté musulmane». Le journal cite que l'enregistrement complet figurait dans de nombreux sites islamistes dans le Moyen-Orient, et dans celui du dissident islamiste saoudien Mohamed Al Massâri, qui vit à Londres. Aymane Al Zawahiri, cerveau et matière grise d'Al Qaîda depuis plus d'un an, semble supplanter le n°1 de l'organisation Oussama Ben Laden. Dans un récent entretien donné à la chaîne Al Arabiya, l'ancien patron des services spéciaux saoudiens, Al Fayçal, défend la thèse selon laquelle Al Zawahiri est en train de prendre en main le commandement d'Al Qaîda, après l'effacement de Ben Laden, traqué, démuni, blessé ou très malade. Cette thèse est d'autant plus vraisemblable que depuis une année, c'est pratiquement Al-Zawahiri qui fait des communiqués, diffuse les enregistrements et trace les lignes politiques de l'organisation. Faisant sortir Al Qaîda du théologique au politique, il semble plus rattaché à ce qui se passe dans le monde. Peaufinant jour après jour sa stratégie de la menace permanente, l'ancien médecin égyptien se place désormais dans la trajectoire des grandes puissances occidentales tout en essayant de récupérer le charisme dont jouissait OBL auprès des musulmans tentés ou fascinés par le jihad contre l'Occident.