Entre le passé et le présent, Yennayer se fête comme il se doit, avec une célébration qui n'a rien perdu de son authenticité. Depuis la consécration de Yennayer, fête nationale légale, le Nouvel An amazigh a de plus en plus renforcé son authenticité. Une authenticité traduite par la splendeur d'un panel de traditions et rites manifestés dans différentes régions de l'est du pays. Les Annabis, à l'image de leurs concitoyens, de Batna, Khenchela, Skikda et Jijel entre autres algériens amazighs, perçoivent la pratique sociale comme un socle d'unité qui vient revigorer les liens de fraternité des populations de la région Est. Ceux-là, dont les similitudes dans les rituels de célébration et les mythes les rattachent depuis plus de 2969 ans. Les préparatifs des festivités de Yennayer mettent en valeur la terre et ses produits. Deux préceptes qui illustrent l'attachement des Amazighs à la terre et à sa mémoire. Une mémoire qui converge sur l'abondance et la prospérité. Yennayer, c'est aussi les us et les coutumes traditionnels amazighs. Le volet gastronomique, quant à lui, est à l'honneur. Plusieurs mets sont préparés pour l'occasion, le célèbre «aftir oukassoul», le couscous kabyle, le «tighrifin, le sfendj et El Kachkcha (un mélange de fruits secs)», entre autres plats communs, entre toutes les wilayas du pays. Des plats et gâteaux rappelant les saveurs rares du terroir amazigh. Une amazighité qui signifie aussi la solidarité des uns envers les autres. Idh Yennayer, outre les contes de fée amazighs égayent à plus d'un égard, les familles de l'est algérien, c'est également la» touisa». Un rituel adopté par les populations, avec un esprit de partage. Un rituel dédié, le temps d'une célébration, au sacrifice de boeufs, moutons et autres, à l'effet d'une préparation culinaire à se partager entre eux. Le même état d'esprit règne dans d'autres wilayas. Des Hauts-Plateaux aux Aurs, la ferveur de la célébration est ressentie à Guelma, Mila, Oum El Bouaghi, Batna et Khenchela. Dans toutes ces villes d'Algérie, Yennayer est célébré d'une manière très spontanée. Il s'agit de populations qui, même si elles ne partagent pas les mêmes profondeurs linguistiques, se réunissent dans le même prolongement culturel. En effet, depuis des milliers d'années, Idh Yennayer est symbole de fécondité et d'abondance. Pour perpétrer ces symboles, les habitants des wilayas de l'Est, mettent à l'honneur les produits du terroir et autres rites devant symboliser la richesse et le rattachement aux origines. Bien que la modernité ait fait que certaines pratiques ont été abandonnées, comme le changement des trois pierres (inyan), très répandu dans les Aurès, comme nous a expliqué Aâmi Laïd, un notable de la ville de Oum El Bouaghi «Mais l'âtre doit toujours être neuf pour la préparation du dîner de Yennayer», ce dernier qui n'en sera alors que plus beau dans sa sublime symbolique de paix et de prospérité. Sur l'étymologie du mot, notre interlocuteur nous fait savoir que le mot Yennayer se compose de deux mots, «Yan veut dire le numéro un et Ayyur signifie mois. «Yennayer», c'est-à-dire le premier mois de l'année qui annonce la fin d'un cycle et le commencement d'un autre.