Le grand débat suffira-t-il à calmer la colère des Gilets jaunes? Dès aujourd'hui, Emmanuel Macron éprouvera le débat en se rendant dans une petite commune, Grand Bourgtheroulde (Ouest), aux côtés de 600 maires et élus de Normandie. Empêtré dans la crise des «gilets jaunes», le président français Emmanuel Macron a appelé «le plus grand nombre de Français» à participer à un grand débat national, dont l'ambition est de calmer la colère des protestataires. «Ce n'est ni une élection, ni un référendum», prévient le chef de l'état dans sa lettre aux Français diffusée hier dans la presse et sur les réseaux sociaux. Il propose de baliser le débat autour d'une trentaine de questions, trace des lignes rouges, comme la suppression de l'ISF (l'impôt sur la fortune), mais ouvre la porte à des réformes importantes comme le référendum d'initiative citoyenne. Dès aujourd'hui, Emmanuel Macron éprouvera le débat en se rendant dans une petite commune, Grand Bourgtheroulde (Ouest), aux côtés de 600 maires et élus de Normandie. Il multipliera ensuite les déplacements pendant deux mois pour inciter les Français à se saisir de l'opportunité de dialoguer et «rendra compte directement» du débat dans le mois suivant sa fin. Le Premier ministre Edouard Philippe, a précisé hier les contours de la consultation, en deuxième partie de journée. Le pilotage reste à définir, après la défection de la présidente de la Commission nationale du débat public, Chantal Jouanno. Pour garantir l'indépendance du débat, l'exécutif semblait se diriger vers un groupe de personnalités, le Premier ministre ayant déjà évoqué un «comité des garants». Les «gilets jaunes» ont montré samedi leur détermination en défilant plus nombreux - 84.000 dans toute la France contre 50.000 la semaine précédente, selon le ministère de l'Intérieur -, avec globalement moins de violence. Depuis le 17 novembre, ces Français issus des classes populaires et moyennes dénoncent la politique fiscale et sociale du gouvernement, qu'ils jugent injuste, et réclament plus de pouvoir d'achat. Quatre grands thèmes sont sur la table du grand débat: pouvoir d'achat, fiscalité, démocratie et environnement. Est exclue toute remise en cause de l'avortement, de la peine de mort et du mariage homosexuel. Le débat doit se poursuivre jusqu'à mi-mars, les remontées seront ensuite traitées et des décisions annoncées avant fin avril. Mais la consultation est contestée avant même d'être lancée. Nombre de «gilets jaunes» lui niaient samedi toute légitimité, affirmant que le vrai débat était aujourd'hui «dans la rue». Du côté des partis politiques, La France insoumise (gauche radicale) dénonce «un enfumage» et le Rassemblement national, RN (ancien Front national, extrême droite) une manoeuvre de l'exécutif pour «gagner du temps». Le patron des Républicains (LR, droite) Laurent Wauquiez a dénoncé le risque d'un «artifice grossier», dans sa propre lettre adressée dimanche aux Français. Les Républicains n'essayeront pas moins d'«apporter (leur) soutien» à la consultation pour «sortir du chaos», selon leur porte-parole Laurence Sailliet. Banco également de la part du Parti socialiste (gauche), dont le premier secrétaire Olivier Faure souhaite que les socialistes «se fassent entendre». Les ministres seront également mis à contribution pour inciter les Français à participer et le gouvernement «compte sur les maires et les associations pour mettre en oeuvre ce débat», a indiqué le porte-parole du gouvernement. Selon de récents sondages, entre 32% et 41% des Français interrogés ont l'intention de «participer d'une manière ou d'une autre» au grand débat. Mais ils ne sont que 29% à penser qu'il aboutira «à des mesures utiles». Si l'approbation des Français pour les «Gilets jaunes» est en baisse, elle reste majoritaire dans le pays.