Le séisme de Boumerdès, de par l'ampleur des dégâts occasionnés, est peut-être la catastrophe la plus grave à laquelle les autorités algériennes ont dû faire face. Pour effacer les stigmates du tremblement de terre qui avait fait plus de 2700 morts, le gouvernement a dégagé, en un temps relativement record, des milliards de dinars pour conforter les logements endommagés, installé rapidement des chalets et reconstruit dans l'urgence d'autres habitations pour les sinistrés qui avaient perdu, en plus de leur «toit», des membres de leurs familles. Le drame était incommensurable, et reloger tous les sinistrés paraissait, au lendemain du séisme, impossible. Le chef de l'Etat, en personne, s'est pourtant engagé à reloger, du moins temporairement, tous les sinistrés, et cela avant l'hiver 2003. Des bureaux d'études ont été installés et des milliers d'entreprises relevant du Btph ont été appelées à la rescousse afin d'éviter un véritable drame humain à la population touchée par la catastrophe. D'est en ouest, du nord au sud, les entreprises publiques, mais surtout privées, n'ont pas hésité à engager tous leurs moyens pour faire des travaux de confortement pour les unes et reconstruire carrément de nouvelles cités pour les autres. Pour y arriver, l'Etat a même avancé de l'argent à ces entreprises pour aller vite dans leur tâche et effacer les séquelles laissées par le séisme. Au total, il est prévu de livrer, pour cette année, près de 5000 logements, le reste, soit 3482, pour l'année prochaine. Au niveau de la capitale, 2000 familles ont été relogées après le séisme, au moment où 5848 étaient placées dans des chalets en attendant d'être définitivement recasées dans des habitations en dur. C'était réellement le branle-bas de combat afin d'arriver très vite à réhabiliter les bâtisses touchées partiellement par le séisme et la réalisation de nouveaux programmes. Ce qui évidemment a pu être réalisé grâce au concours des entreprises algériennes qui ont lancé une véritable course contre la montre afin d'être dans les délais tel qu'exigé par la situation d'urgence. Malheureusement, après avoir tout donné, ces entreprises qui n'ont pas hésité un seul instant à s'engager aux côtés du gouvernement pour «effacer les traces du séisme», des centaines d'entre elles risquent de mettre la clé sous le paillasson, car obligées aujourd'hui à quémander carrément leur dû. En effet, d'après des sources auprès de l'Association générale des entrepreneurs algériens (Agea), des centaines d'entreprises, qui avaient engagé des travaux d'urgence dans le cadre du programme de réfection et de reconstruction des régions touchées par le séisme ne sont pas à ce jour payées. 10% de ces entreprises, apprend-on également, ont déposé le bilan à cause de cela. Après avoir frappé à toutes les portes, les responsables de ces entreprises ont fini par se résigner et jurer qu'à la prochaine catastrophe naturelle, ils ne bougeraient pas la moindre brouette. Lenteurs administratives ou blocages intentionnés...? Personne n'est en mesure d'apporter un quelconque jugement là-dessus, mais l'on s'interroge pourquoi les expertises et les contre-expertises déclenchées par les responsables qui se succèdent durent aussi longtemps?