L'expérience algérienne dans la lutte antisubversive et ses contacts poussés avec les forces de l'Otan ont joué en sa faveur. Dans un communiqué diffusé par radiokapi.net, et citant des sources officielles de l'Union africaine, celle-ci se préparerait à envoyer des troupes au Congo pour débouter les «forces négatives», parmi lesquelles les combattants hutus rwandais, sont accusés de commettre des exactions. L'Union africaine ne donne pas un calendrier précis de ce déploiement, et la date de l'envoi des troupes n'est pas encore fixée, ni le nombre exact des militaires qui vont assurer le maintien de la paix. Mais il est d'ores et déjà acquis que les forces qui vont intervenir devraient provenir de trois régions: le nord, l'ouest et le centre de l'Afrique. De manière quasi consensuelle, l'Algérie a été retenue comme première force d'intervention pour le maintien de la paix au Congo. Même si jusque-là l'Algérie a plus envoyé des experts militaires et des observateurs, il y a fort à croire que cette-fois-ci, l'intervention se fera avec des troupes armées, même réduites. C'est ce qu'on appelle dans le jargon militaire «les forces de dissuasion». Diallo Boubacar, chef de la délégation de l'Union africaine actuellement en mission en RDC, l'a révélé, samedi, à Bukavu, dans la province du Sud-Kivu. L'Algérie, le Nigeria et l'Angola sont les trois pays cités, a-t-il dit, pour envoyer leurs troupes en République Démocratique du Congo, ajoutant:«Depuis 1999, le mandat de la Monuc a évolué. Nous nous acheminons vers le terme du processus de paix. Il y a des forces négatives à l'intérieur de ce pays qui menacent la sécurité de la population congolaise et les relations entre la RDC et ses voisins. La Monuc n'a pas encore le mandat de désarmer ces forces négatives et les Forces armées congolaises ne sont pas suffisamment intégrées, brassées et armées pour pouvoir effectuer le travail. Pour combler ce déficit, l'Union africaine a décidé, le 10 janvier dernier à Libreville, d'envoyer des forces africaines pour aider à mettre dehors ces forces négatives», a expliqué la même source. Mais selon Diallo Boubacar, c'est au terme de la présente mission que l'Union africaine va déterminer le calendrier de son intervention et les moyens à mettre en oeuvre. La délégation de l'Union africaine s'était également rendue à Goma, au Nord-Kivu. Les experts africains ont profité de leur passage dans ces deux provinces de l'est de la RDC pour prendre des contacts avec les milieux officiels civils et militaires locaux et ceux de la Monuc. On peut, sous un certain angle, considérer ce choix de désigner l'Algérie pour des missions de maintien de la paix comme une consécration, mais il a été tout à fait clair, depuis les premiers exercices militaires avec les Forces multinationales avec l'Otan, que l'armée algérienne s'est désormais inscrite dans une trajectoire de «force de présence» sous l'égide de l'Otan et l'ONU. En fait, c'est cela même l'intérêt général porté subitement à l'Algérie depuis le 11 septembre: la contribution dans la lutte antiterroriste, le maintien de la paix, les missions humanitaires, et pour l'horizon 2008/2009, de missions de sécurisation de la Méditerranée. D'un côté, elle présente bien l'ensemble militaire le plus imposant de la rive maghrébine de la Méditerranée et d'un autre, elle affiche une certaine hégémonie face aux Etats africains au plan militaire, même si cette hégémonie se passe d'interprétation. Aussi son expérience majeure dans la lutte antiterroriste, dont ne peuvent se prévaloir ses voisins ni même ses partenaires africains, a poussé Washington et les responsables militaires de l'Otan à mettre ses aptitudes en valeur. L'ONU, qui a renforcé ses effectifs au Congo de 5900 hommes supplémentaires, a émis depuis longtemps le souhait de se retirer du continent, après avoir formé et confié les missions de maintien de la paix aux seules forces africaines. L'Algérie a été à plusieurs reprises sollicitée pour l'envoi d'observateurs dans les pays africains ( ex-Soudan), a fait intervenir ses troupes dans des missions de maintien de la paix dans plusieurs autres (ex- Cambodge), d'où aujourd'hui ses capacités à gérer les conflits.