Saïd Khellil ne se présente pas ! Connu en Kabylie et aussi dans les milieux de la politique et de la culture, Saïd Khellil a été l'un des initiateurs du grand mouvement culturel berbère. Ce mouvement qui a fait irruption sur la scène en avril 1980 et qui a participé à changer la donne de la politique nationale. Militant convaincu et sincère du combat démocratique et des droits de l'homme, Saïd Khellil a assumé de hautes responsabilités au sein du FFS, il a été élu député de Tizi Ouzou lors des législatives avortées de 1991. Retiré du FFS, il est aujourd'hui à la tête d'un parti : le Mouvement pour la citoyenneté et la démocratie (MCD) non encore agréé. Observateur lucide de la scène politique, Saïd Khellil donne son avis sur les partielles et sur la politique en général. L'Expression: Dites-nous un peu ce que vous pensez de ces élections. Saïd Khellil: Franchement, je crois qu'il y a un frémissement de la vie politique en Kabylie, néanmoins on peut regretter peut-être certaines polémiques qui ne rapportent rien. Les débats sont ailleurs! Mais en gros, c'est rassurant pour la région. Le MCD a parrainé quelques listes? Non, mais nous avons des amis militants qui, dans deux communes de Béjaïa, ont confectionné des listes indépendantes. Nous avons cru bon devoir leur apporter notre soutien eu égard au parcours de ces militants. Qu'attend Saïd Khellil de cette élection? Que la région renoue avec un fonctionnement normal, cela fait des années que l'on est géré dans un cadre d'exception. Il est temps que la Kabylie renoue avec son combat démocratique et surtout comme toujours, pacifique afin de poursuivre sa marche vers l'émancipation, quelles que soient les entraves. Des décennies de lutte n'ont pas été consenties pour rien. Le Rassemblement démocratique dont tout le monde parle! Inévitablement, les démocrates doivent une fois de plus se remettre sur le chantier, même affaiblis. Il faut croire que les forces qui portent cette idée qui peut être considérée comme une belle utopie est la plus porteuse d'humanité. Ce qui est réconfortant, c'est que les adversaires de ce projet sont aussi acculés! Nous devons inventer d'autres approches politiques qui devront transcender les querelles et autres positions sectaires. Il y a ce projet de Me Ali Yahia. D'abord, je tiens à saluer Me Ali Yahia, cet infatigable défenseur des droits de l'homme et rends hommage à sa détermination. A un âge aussi avancé, il nous donne là une belle leçon d'abnégation. J'ai répondu favorablement à son appel et on a essayé de faire avancer un tant soit peu, tout au moins les contacts entre les acteurs du champ démocratique. Et comme je l'ai déjà signifié au début, ce sera long et dur. Car certaines positions bloquent d'entrée et refusent d'emblée le dialogue. Je pense que l'idée est au coeur de la société et les choses deviendront matures et avanceront ainsi inéluctablement. Je reviens à propos des futurs élus lesquels reviendront devant les électeurs en rendant compte de leur bilan régulièrement et dans la transparence. C'est aussi une façon de faire avancer le projet démocratique. Un dernier mot? Je souhaite que la jeunesse renoue avec le politique dans son sens le plus noble et puisse sauvegarder un patrimoine culturel, politique et de valeurs laissé par des vagues de générations militantes généreuses.