«Dans cette affaire de croissance économique, nous sommes désormais deux à agir.» C'est une première! Le gouvernement critique les lourdeurs des hommes d'affaires algériens dans le processus des privatisations et non le contraire, comme cela a été le cas par le passé. Les rôles ont été donc inversés le temps d'un dîner. Le ministre des Participations et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar a en effet appelé les hommes d'affaires algériens à tenir compte des nouvelles normes de «la nouvelle» économie nationale. «Nos hommes d'affaires doivent changer d'attitude. Ils ne doivent plus concevoir leurs entreprises comme des entreprises familiales car avec cette mentalité il n'y aura pas la possibilité de créer de la richesse, de l'emploi et de la croissance», a asséné M.Temmar à l'endroit des capitaines de l'industrie algérienne, lors de la rencontre organisée par le Club Excellence Management dans la soirée de mercredi à l'hôtel Aurassi (Alger). «Dans cette affaire de croissance économique, nous sommes désormais deux à agir», a-t-il dit avant de reprocher également à ces hommes d'affaires leur manque d'initiative comme par exemple «l'organisation de séminaires internationaux pour déceler, entre autres, les opportunités qui existent sur les marchés étrangers». Dans ce réquisitoire, M.Temmar a ainsi donné un coup de pied dans la fourmilière et ébranlé une certaine vision à sens unique, notamment dans les critiques portées sur la démarche de la nouvelle économie nationale. «Incontestablement, dans cette dynamique de privatisation nous avons quelques difficultés du côté du gouvernement, mais nous avons aussi des difficultés du côté de nos hommes d'affaires», a-t-il affirmé soulignant que le gouvernement a fait énormément d'efforts, ces dernières années. «97% des tests ont été changés pour aller dans cette dynamique dans laquelle l'effort de l'Etat est visible: en 2006, pour la première fois, le budget de l'équipement dépasse celui de fonctionnement». Le ministre des Participations et de la Promotion des investissements a indiqué qu'«à chaque loi de finances complémentaire, le gouvernement prend en considération les suggestions qui lui sont émises et les critiques qui lui sont adressées par les acteurs de la sphère économique, notamment les hommes d'affaires». Très loquace, l'invité du Club Excellence Management a dressé un tableau reluisant de la situation économique. «On est dans un stade nouveau de l'économie algérienne. Il y a quelques années, on parlait de stabilité, de chômage, aujourd'hui on parle désormais de croissance, de coûts, d'investissements et de rationalisation, en d'autres termes nous parlons des problèmes d'une économie normale, d'une économie qui se libère, qui est en plein essor», s'est-il réjoui avant d'être freiné dans cet élan par des témoignages de certains hommes d'affaires. El Hadj Ezzeraïmi, le patron du Groupe SIM, relève que la démarche du gouvernement est demeurée lourde et lente et floue jusqu'à l'année 2004: «L'une des difficultés majeures est l'absence de documents probants concernant la situation des unités mises en vente rendant de ce fait toute évaluation contradictoire chiffrée impossible. C'est en 2004 que les pouvoirs publics ont initié une profonde et salutaire réorganisation dans le dispositif et les mécanismes de mise en oeuvre de l'opération de privatisation des entreprises publiques.» De son côté, M.Mehri a regretté les lenteurs qui persistent toujours. Il a soulevé notamment le problème du foncier. «Avec la chaîne Accor, tout a été réglé pour la construction des hôtels touristiques, mais le foncier demeure toujours un élément de blocage», s'est plaint M.Mehri qui cite l'exemple d'un hôtel qui devait être construit près de l'aéroport Houari-Boumediene.