Le vice-président du Sénat intervient sur les partielles de jeudi dernier. Il s'agit d'une invitation à un débat national sur «la question de la représentativité populaire». Bouhara dresse un constat amer en remontant aux sources. Il dissèque les grandes étapes en se heurtant, à chaque fois, au dilemme «légalité-légitimité». Les péripéties d'un pouvoir «qui était certainement légal mais souffrait cruellement de légitimité», n'ont pas fini de surprendre tant que la question de «souveraineté populaire» n'est pas tranchée. Le mode de scrutin en vigueur «est calqué sur le modèle français, de la législation électorale de 1945 et 1946», relève Bouhara. «Il est conçu pour renforcer l'emprise exercée par les partis sur leurs élus. Il permet, par ailleurs, aux dirigeants des partis et aux personnalités politiques qualifiées d'accéder aux assemblées élues, car il n'est pas évident que leur élection soit toujours possible dans un scrutin ouvert où les électeurs choisissent un candidat et non pas une liste». En décortiquant les élections précédentes, le vice-président de la chambre haute du Parlement estime qu'on est ancré dans «une logique de cooptation formalisée» parce que la notoriété du candidat importe peu. Mais que propose Bouhara? Il suggère deux variantes: la première consiste à améliorer «la proportionnelle» en instituant «le vote préférentiel et la caution populaire préalable». Cette procédure donne la possibilité «aux électeurs d'établir l'ordre des élus en fonction des voix que ces derniers ont obtenues». «La caution, souligne-t-il, correspond à une forme d'élection primaire qui permet une sélection des candidats à travers l'exigence d'une pré-candidature soutenue par un pourcentage déterminé de l'électorat de la circonscription. Elle contribuera à établir des balises pour le choix des candidats par les partis qui seront, en quelque sorte, contraints de présenter aux élections leurs militants les plus crédibles». La seconde variante suppose un mode de «scrutin uninominal à deux tours» qui implique un nouveau découpage électoral où «les circonscriptions sont conçues pour un nombre limité de sièges, en général deux». Cette technique obéit à la même logique que celle des présidentielles, relève-t-il. Mais il tient à noter que le débat s'impose «dans le cadre d'une vaste confrontation des idées. Un débat serein, regroupant les dirigeants de partis, des responsables des organisations syndicales et sociales, des hommes d'expérience et des spécialistes, toutes tendances confondues». C'est la voie qui mènera, sans aucun doute, vers la «fin d'une transition de régime qui n'a que trop duré et dont la prolongation ne fera que compliquer davantage la situation politique encore précaire de notre pays». Il va sans dire que cette reconfiguration sera accompagnée par une refonte des partis et des organisations syndicales sur le principe fondamental de la «représentativité». «Le cadre général d'un nouveau dispositif électoral est naturellement défini par les dispositions de la Constitution», conclut-il. Mais quel sera le rôle du FLN? Bouhara propose de «mettre fin à toute forme de monopole sur le nationalisme, le patriotisme, la religion, l'histoire, la culture et les langues», y compris au sein du FLN. «S'il parvient, de manière autonome, à élargir et à considérer son audience, il sera en droit de prétendre, comme l'espèrent ses militants et ses sympathisants, à jouer un rôle de premier plan au sein de la scène politique nationale». Ce sont là quelques idées qu'avait développées Bouhara à la suite des deux scrutins de juin et octobre 2002. Des idées qui n'ont malheureusement pas trouvé d'écho et qui sont toujours d'actualité.