La convocation d'un congrès extraordinaire semble présenter une issue. L'idée de tenue d'un congrès extraordinaire du FLN évolue. La direction du parti n'est pas contre, pourvu que l'opération de restructuration aboutisse. Sans cela, un congrès compliquerait plus les choses qu'il n'en résoudrait. Les opposants de Belkhadem sont aussi partants pour ce type de congrès, mais avec l'arrière-pensée de changer de direction; une direction qui est à l'origine de leur éviction des listes aux législatives, estiment-ils. Il y a enfin une proposition médiane, celle de Bouhara. Abderezak Bouhara est sénateur du tiers désigné et membre de l'instance exécutive du parti. Ancien baroudeur de l'ALN et ancien ministre, il fait partie des «gardiens du Temple». Sa proposition a été présentée au secrétaire général du FLN, le 12 mai dernier, sous le titre «Une démarche pour le renouveau du parti». Ce texte soulève six questions fondamentales: le rôle du parti dans l'aboutissement de la concorde civile, la représentativité de la société au sein des institutions, la préservation de la souveraineté nationale, l'élargissement de sphère de légitimité populaire, son ancrage au sein des instances du parti et définition de refondation du parti. Il met en priorité l'amendement des statuts du parti parmi les objectifs du congrès extraordinaire. Mais le congrès ne peut se tenir qu'après renouvellement des instances locales. Chacun sait que le FLN est allé aux élections législatives sans avoir, au préalable, finalisé l'opération de renouvellement des structures de base. La conduite de la campagne électorale a mis en exergue les aléas de la fragilité des structures inachevées et des conflits générés auxquels sont venus se greffer les mécontentements dus aux listes de candidatures. Pour Bouhara, le débat de fond n'a pas eu lieu au congrès de «réunification» de janvier 2005. On ne peut donc qu'attendre l'an 2010 pour débattre. Mais, il recommande de «consolider les acquis du dernier congrès. Le changement interviendra de manière adéquate, dans une seconde étape, lorsque notre parti aura établi des règles, des procédures et une pratique politique qui lui assurent un fonctionnement démocratique». Penser à changer la composition du Conseil national (CN) avec les ingrédients de conflits latents, serait suicidaire. Il propose la création d'un Conseil politique consultatif (CPC) qui regrouperait «les militants les plus engagés de la vieille garde». Ce CPC aura, bien entendu, la caution du CN et de l'Instance exécutive. Bouhara met en évidence le taux d'abstention des électeurs qui ont tendance à se démobiliser d'une élection à une autre. «On s'accorde à reconnaître que le dispositif électoral actuel est totalement inapproprié (...) Il est à l'origine des insuffisances de représentation qui caractérisent nos institutions nationales et locales», écrit-il. Il invite à la réflexion sur l'amendement de la loi électorale dans le sens d'assurer plus de représentativité de la société. Il suggère aussi la limitation des mandats autant pour le Parlement que pour les APC ou APW. S'agissant du mandat présidentiel, il est temps d'ouvrir le débat, indique-t-il «L'élargissement de la sphère de légitimité populaire du parti se mesure à l'évolution de son assiette électorale (...) Pour ce faire, notre parti est tenu de définir clairement les contours de sa base sociale, de démontrer sa capacité à répondre aux attentes pressantes des citoyens, d'opter pour un discours politique autonome et veiller scrupuleusement à la crédibilité de ses candidatures», note-t-il. «Nos instances dirigeantes nationales n'ont, malheureusement, pas pu bénéficier de la sphère de légitimité qui leur était nécessaire pour réaliser ces objectifs. La logique de l'enfermement clanique et la marginalisation des compétences ont contraint le dernier congrès à différer le débat d'idées pour céder la place à des luttes de positionnement», souligne-t-il en appelant de tous ses voeux à un consensus qui ne peut se faire que par le biais d'un «congrès du testament». Il est clair que le taux d'abstention, record enregistré lors des dernières législatives, doit donner à réfléchir à la direction du FLN.