L'Union européenne a demandé hier d' «éviter une intervention militaire» au Venezuela. La position de l'UE a été arrêtée par les ministres des Affaires étrangères lors d'une réunion hier à Bruxelles. «Nous avons exclu de manière catégorique tout soutien de l'Union européenne ou toute acceptation à l'égard d'une escalade militaire au Venezuela», avait annoncé Federica Mogherini à l'issue de cette réunion. «Nous avons averti de manière claire que nous ne soutiendrons pas et que nous condamnerons fermement toute intervention militaire étrangère», a averti dimanche le chef de la diplomatie espagnole Josep Borell. L'Union européenne réclame une «solution pacifique et démocratique au Venezuela (...) qui exclut évidemment le recours à la force» et travaille en ce sens au sein du groupe de contact international, a rappelé la porte-parole de Mme Mogherini. L'opposant vénézuélien Juan Guaido s'est réuni à Bogota avec ses alliés du Groupe de Lima, ainsi que le vice-président des Etats-Unis Mike Pence, afin de «définir des mesures pour contraindre Nicolas Maduro» à quitter le pouvoir. Juan Guaido, qu'une cinquantaine de pays ont reconnu comme président intérimaire, a appelé à «envisager toutes les éventualités». Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo n'a pas exclu l'usage de la force et s'est dit «certain que, grâce aux Vénézuéliens, les jours de Maduro sont comptés». La voix de Washington était portée par Mike Pence à la rencontre de Bogota. Le Groupe de Lima, composé de 14 pays latino-américaines et du Canada, a été créé en 2017 pour «promouvoir une issue à la crise» dans laquelle est poussée l'ancienne puissance pétrolière vénézuélienne. Bravant une interdiction judiciaire de sortie du Venezuela, l'opposant s'était rendu vendredi à Cucuta, en Colombie, pour donner le lendemain le coup d'envoi à l'entrée au Venezuela de tonnes d'aliments et de médicaments, envoyés essentiellement des Etats-Unis à sa demande. Nicolas Maduro refuse cette aide, qualifiée de prétexte à une intervention militaire américaine contre le pouvoir légitime. Les camions chargés de ces produits de première nécessité, destinés à pallier les pénuries dont souffrent les Vénézuéliens, ont dû se replier samedi, face au blocage frontalier ordonné par le gouvernement. Trois personnes ont été tuées et plusieurs centaines d'autres blessées, lors de heurts aux frontières de la Colombie et du Brésil, où une autre partie de l'aide est stockée. Le régime, qui attribue la crise aux sanctions des Etats-Unis, s'est félicité que l'opération ait échoué. «Pas une camionnette n'est passée,» a lancé le président de l'Assemblée constituante, Diosdado Cabello. Nicolas Maduro bénéficie du soutien engagé de l'armée et de l'état-major, avec plus de 365.000 membres, outre 1,6 million de miliciens. Le successeur du président Hugo Chavez (1999-2013) a aussi des alliés comme la Russie, la Chine et Cuba, dont le président Miguel Diaz-Canel s'est prononcé dimanche pour la défense du Venezuela où «se joue la dignité du continent».