Lavrov et Nasser al Hariri Pour les pays initiateurs du processus d'Astana, le souci majeur reste de conjuguer l'ensemble des efforts en vue de parvenir à une normalisation de la situation politique en Syrie, comme s'y efforce également la communauté internationale. Si les négociations entre la délégation du gouvernement syrien et celle de l'opposition, conduites pendant des années à Genève par le médiateur onusien précédent Staffan de Mistura, n'ont pratiquement donné aucun résultat, il n'en a pas été de même pour celles initiées par le processus d'Astana, au Kazakhstan, sous l'égide de la Russie et de l'Iran, alliés de Damas, d'une part, et de la Turquie, soutien des factions rebelles armées, d'autre part. C'est dans ce cadre, en effet, qu'il a été convenu, à la faveur des discussions de Sotchi, une station balnéaire en Russie, de mettre en place un comité constitutionnel chargé, comme son nom l'indique, de préparer un texte fondamental de nature à contribuer au règlement définitif de la crise syrienne. C'est, d'ailleurs, le sens de la déclaration qu'a faite, hier, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, à Riyadh, après sa rencontre avec le chef de file d'une partie de l'opposition syrienne, Nasser al Hariri. Lavrov a exprimé l'espoir d'une avancée pertinente des négociations inter-syriennes de façon à permettre une accélération du processus politique indispensable à la mise en place du comité constitutionnel dont les travaux pourraient alors démarrer dans les prochains jours, sinon les prochaines semaines. «Nous apprécions vos efforts pour rechercher des solutions et nous comptons sur vous et sur les autres représentants de l'opposition syrienne pour contribuer à la formation du Comité constitutionnel dès que possible», a déclaré, à cette occasion, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, à l'adresse de son interlocuteur. Manière de rappeler l'urgence d'une avancée à toutes les parties réunies autour de la table des négociations, dans le cadre d'Astana et, par la même occasion, celui toujours conduit par l'ONU dont le nouveau médiateur, Geir Pedersen, est à pied d'oeuvre depuis plus d'un mois, aussi bien à Damas où il s'est rendu, aussitôt nommé, que dans les autres capitales de la région, pour y débattre avec les représentants des diverses factions de l'opposition. Pour les pays initiateurs du processus d'Astana, le souci majeur reste de conjuguer l'ensemble des efforts en vue de parvenir à une normalisation de la situation politique en Syrie, comme s'y efforce également la communauté internationale. Parmi les urgences signalées, il y a bien sûr la création des conditions favorables à l'acheminement de l'aide humanitaire de base aux personnes en souffrance ainsi que le retour des réfugiés et des déplacés dans leur villes et villages d'où ils ont été chassés par la violence des multiples groupes terroristes comme Daesh et al Nosra. «Nous avons discuté de ces questions en détail avec nos collègues saoudiens et sommes parvenus à un accord sur les questions clés liées à la crise syrienne», a indiqué Sergueï Lavrov dans une déclaration aux médias saoudiens, hier, non sans souligner qu'il s'agit d'une première étape de sa tournée dans la région du Proche-Orient. Pour sa part, Nasser al Hariri a révélé, lors de la réunion avec le ministre russe des Affaires étrangères, que «l'opposition syrienne compte sur la poursuite de la coordination avec Moscou dans la voie du règlement de la crise syrienne». Langage diplomatique qu'il faut décrypter en ce sens que l'opposition syrienne est pleinement consciente de l'importance d'une étroite coordination des efforts avec la Russie pour parvenir à une solution réaliste de la crise politique en Syrie. L'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, s'est quant à lui attelé à la convocation le plus rapidement possible du Comité constitutionnel, préalable à l'engagement de la solution globale de la crise. Il a de ce fait plaidé, le 2 mars, devant le Conseil de sécurité de l'ONU, sur l'importance cruciale de ce Comité constitutionnel, qu'il qualifie de «prioritaire» pour le règlement effectif de la crise syrienne. Ainsi, les vues comme les efforts tendent peu à peu à se rejoindre et il reste à souhaiter que les volontés s'affirment enfin affranchies de tous les calculs et de tous les objectifs autres que strictement syriens...