Mohammad Chtayyeh, figure de la scène politique palestinienne et fidèle du président Mahmoud Abbas, a été nommé dimanche Premier ministre. Né en 1958 à Naplouse, en Cisjordanie, il a neuf ans quand Israël conquiert ce territoire à l'ouest du Jourdain pendant la guerre des Six Jours. L'occupation israélienne dure depuis plus de 50 ans. Il étudie à l'université de Bir Zeit en Cisjordanie puis décroche un doctorat en développement à l'université de Sussex (Grande-Bretagne) avant de retourner dans les Territoires palestiniens à la fin des années 1980. Ce proche de Mahmoud Abbas a participé aux négociations avec Israël sous l'égide des Etats-Unis en 1991 et plus tard entre 2013 et 2014. Modéré sur le plan politique, il défend la solution à deux Etats pour résoudre le conflit israélo-palestinien, c'est-à-dire la création d'un Etat palestinien indépendant aux côtés d'Israël. Il a déjà été deux fois ministre et a occupé des postes dans des institutions économiques et de développement palestiniennes tout en enseignant à l'université Bir Zeit. Mohammad Chtayyeh remplace Rami Hamdallah qui dirigeait le gouvernement palestinien depuis 2014 et qui était perçu comme plus indépendant politiquement. Avec la nomination de M. Chtayyeh, Mahmoud Abbas choisit un fidèle de son parti, le Fatah, et s'oriente, selon les analystes, vers un gouvernement dominé par ce mouvement, contrairement au précédent qui s'appuyait sur un consensus entre les différents courants palestiniens. Le gouvernement palestinien est l'émanation de l'Autorité palestinienne, entité intérimaire internationalement reconnue et censée préfigurer un Etat indépendant qui comprendrait la Cisjordanie et la bande de Ghaza, séparées de quelques dizaines de kilomètres par le territoire israélien. Le Hamas, mouvement islamiste qui dirige Ghaza, et le Fatah sont à couteaux tirés depuis que le premier a pris le contrôle de l'enclave palestinienne en 2007 en évinçant le second, au prix d'une quasi-guerre civile. Le Hamas avait remporté les élections législatives un an auparavant. Depuis, toutes les tentatives de réconciliation ont échoué et la vie politique palestinienne est comme figée, puisqu'aucune élection, ni législative ni présidentielle, n'a été organisée depuis. En 2014, les deux parties avaient entamé des discussions et le gouvernement Hamdallah en fut la conséquence, avant que le rapprochement ne vole en éclats. Cette fois-ci, le porte-parole du président palestinien, Nabil Abou Roudeinah, a affirmé que le nouveau gouvernement sera formé en raison de l'échec des négociations avec le mouvement islamiste. «Si le Hamas ne veut pas de la réconciliation, si le Hamas ne veut pas d'élections, si le Hamas veut toujours former, avec d'autres, un mini-Etat à Ghaza pour les Frères musulmans, si c'est leur stratégie, nous devons mettre fin à la relation. C'est pourquoi nous devons former un nouveau gouvernement», a-t-il déclaré le mois dernier. Fin décembre, le président palestinien a annoncé son intention de dissoudre le Parlement palestinien (Conseil législatif) qui ne s'est pas réuni depuis 2007, pour se conformer, selon lui, à une décision de la Cour constitutionnelle. Celle-ci avait également appelé à des élections législatives dans les six mois mais les analystes jugent cette hypothèse peu probable. Le gouvernement est théoriquement composé des factions de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Cette organisation est dirigée par le Fatah mais comprend plusieurs autres partis. Le Hamas n'en fait pas partie. Deux grandes factions de gauche ont déjà exprimé leur opposition au nouveau gouvernement et ne devraient pas y participer.