Pour plus d'un marcheur, la manifestation évolue dans le bon sens, malgré toutes les embûches et les manoeuvres politiciennes. L'élite, cette frange de la société, très précisément les professeurs et les étudiants de toutes les universités, centres et instituts universitaires d'Oran occupent de plus en plus la rue. Ils ont, dès les premières heures de la matinée d'hier, boudé les amphithéâtres pour battre le pavé dans leur marche qu'ils ont décidée unanimement, à l'issue de l'assemblée générale qui a regroupé, mardi soir, aussi bien les étudiants que leurs professeurs. Cette réunion s'est focalisée autour de la création d'un front commun regroupant cette couche sociale dont la présence permanente sur le terrain est tant demandée, aussi bien par la population que par le reste des marcheurs. Dans leur action, les étudiants et leurs professeurs ont, en sillonnant les artères principales d'Oran, scandé des slogans hostiles au pouvoir tout en rejetant, dans le fond et dans la forme les propositions faites par le président de la République, dont entre autres son retrait des élections, la mise en place d'une instance libre et indépendante chargée de l'organisation de la prochaine élection et d'éventuelles élections anticipées. Les manifestants n'en démordent pas de leurs revendications ni ne se morfondent en ambitionnant à rien d'un régime ayant laissé la situation se pourrir, voire se putréfier, avant qu'il ne se ressaisisse en tentant vainement un ultime coup, rejeté par les populations, les réformes. Les marcheurs ne sont donc pas en reste ni en mage de ce bouillonnement social et politique, d'autant plus qu'il est pacifique lequel, selon plus d'un manifestant, fait l'objet de pacification opérée par les larbins du pouvoir. Les dizaines de marches organisées par la rue à Oran donnent un goût exceptionnel, en les faisant savourer aux indécis que se joignent au mouvement, sans faire l'objet d'une quelconque invitation. Il suffit d'écouter les slogans scandés à tue-tête par les marcheurs, pour que la frénésie gagne aussitôt les gens adossés aux murs en ralliant le mouvement plein de couleurs et de gaieté. «Le peuple a, depuis la nuit des temps, su et pu dire son mot sans porter atteinte à quiconque, hormis la revendication légitime de ses droits», dira le journaliste bilingue et professeur de journalisme et de communication à l'université d'Oran, Djafar Bensalah.