Cette même banque a déjà fait l'objet d'un vol perpétré par des repentis, il y a de cela quelques mois. Mille deux cent milliards de centimes. C'est le montant du préjudice causé à la Badr, du fait d'une série de manoeuvres frauduleuses pratiquées depuis 2002 au niveau de son agence de Birkhadem à Alger. Les services de lutte contre la délinquance économique et financière relevant de l'Onrb (Office national de répression du banditisme) n'ont eu vent de ces pratiques que depuis les cinq derniers mois de l'année en cours. Les mêmes services se sont aussitôt mis à la traque de ces «délinquants» qui ne sont autres que «les responsables de la Badr à tous les niveaux et ceux du groupement Degimex sis à Blida» a révélé hier, M.Derradji, adjoint chef de l'Onrb lors d'un point de presse tenu à Alger. Il expliquera ensuite le procédé utilisé par le patron de la société Degimex spécialisée dans l'importation des matériaux de construction et de céréales, dans cette escroquerie à grande échelle qui vient s'ajouter à la liste des scandales financiers ayant ciblé dans le passé nos différentes banques publiques. Selon le conférencier M.Derradji, les responsables de cette société Degimex se présentaient à la Badr de Birkhadem où était domicilié le capital de cette entreprise, munis d'une série de prêtes-noms laissant croire que Degimex a accompli des transactions commerciales avec d'autres entreprises, sans que les montants de celles-ci ne soient réglés par les supposés acheteurs de Degimex. A vrai dire ces transactions n'ont jamais eu lieu, affirme M.Derradji. «Ces transactions ne sont que virtuelles et il n' y a eu jamais de vente accomplie en bonne et due forme, et c'est là que réside le côté frauduleux et illégal de cette pratique» notera sans ambages le responsable de l'Onrb en affirmant que ce procédé permettait à l'entreprise Degimex de créer de la monnaie, beaucoup de monnaie! En effet, cette entreprise disposait au niveau de l'agence Badr de Birkhadem d'une ligne d'escompte pouvant lui consentir le retrait de l'argent de ses transactions effectuées avec d'autres sociétés sur la base uniquement de la présentation de ce fameux document qui est le prête-nom. Autrement dit, la société Degimex prétendait à des montants de crédits faramineux auprès de la banque Badr et qu'elle avait acquis grâce à des complicités avérées avec les agents de cette institution financière. Parmi les 1200 milliards de centimes de dommages subis par la Badr, plus de 500 milliards représentent le montant des prête-noms qui, faut-il le répéter était resté impayé. Le reste du préjudice représente le montant crédit alloué à Degimex. Après avoir retiré cet argent, les responsables de cette entreprise utilisaient ces fonds dans d'autres investissements tel que l'achat des biens immobiliers ou bien s'offraient des loisirs et des voyages à l'étranger. Et cette pratique continuait à être de mise jusqu'au jour de l'installation du nouveau directeur général de la Badr de Birkhadem qui a décidé de l'arrêt de la procédure de l'escompte. Et c'est là que le pot aux roses a été dévoilé au grand jour. Les agents de l'Onrb qui sont intervenus pour élucider cette affaire ont procédé à l'arrestation de 19 personnes impliquées dans ce scandale. Parmi celles-ci figurent les trois directeurs qui se sont succédé à la tête de la Badr de Birkhadem, des responsables de cette banque au niveau régional et central ainsi que les responsables de Degimex. Quatre parmi ces individus incriminés ont été placés sous mandat de dépôt après présentation devant le parquet. «L'enquête suit son cours et ce dossier est actuellement entre les mains du juge instructeur», a conclu M.Derradji de l'Onrb.