Distribué en Algérie par Sora Productions, le film remet en cause l'échelle des valeurs morales... Que faut-il faire quand l'entreprise dans laquelle vous travaillez subit une restructuration et licencie du personnel? Chercher du boulot désespérément, indéfiniment? Faire autre chose en attendant? Ou plus extrême, éliminer un à un tous nos ennemis potentiels susceptibles de nous voler la place qu'on convoite chèrement? José Garcia, crédible dans son rôle sérieux de chercheur de boulot, opte pour la troisième solution. Cela fait plus de deux ans que ce cadre supérieur, spécialisé dans la papeterie chimique, a été licencié pour cause de délocalisation. En perdant son travail, c'est sa vie entière qui s'écroule. Une victime de plus dans le monde sans pitié du travail et de son corollaire impitoyable, le chômage. Bruno Davert décide de tuer tous ses adversaires redoutables, aussi intéressants que lui ou plus bardés de diplômes. Costa Gavras met en scène un serial-killer, déterminé mais ambigu, sa condition d'homme ordinaire déchu nous le rend paradoxalement sympathique, plutôt touchant. Impassible et froid, il ne retrouve un semblant d'humanité que lorsqu'il est à son tour devant ses victimes. Lui, le bourreau, tremble de tout son corps après chaque crime. Il reste de marbre devant les flics et sauve son fils des mains de la police. Perspicace, il finit par arriver au bout de ses peines... Le Couperet est de ce fait un conte maléfique où le méchant, ici, n'est pas puni mais plutôt récompensé. Mais les choses ici ne sont pas si simples. Prenant et très actuel, ce film rend compte de la complexité des choses en remettant en cause l'échelle des valeurs morales. Le film dérange, effraie aussi bien qu'il interpelle sur la folie des temps modernes et sa course poursuite vers le gain. Aujourd'hui, en effet, on existe que par le statut et la fonction professionnelle qu'on exerce. Un monde où les apparences et l'image de soi sont un laissez-passer. Sans travail, on n'est rien. A côté du bouillonnement intérieur «que vit» ce Bruno Davert, son épouse, campée par Karin Viard, souffre de ce manque de communication avec son époux et multiplie les boulots pour faire vivre sa petite famille. Celle-ci ne semble pas trop affectée cependant par ce changement et continue à mener un train-train quotidien normal, presque heureuse. Adapté du roman de Donald Westlake, le film se termine sur une note pessimiste qui pousse la satire jusqu'au-boutisme. Distribué en Algérie par Sora Productions, Le Couperet sera projeté dès le 15 décembre dans deux salles d'Alger: la Cinémathèque algérienne à raison de trois séances par jour (13h, 15h et 18h) et à la filmothèque Mohamed-Zinet à Riadh El Feth, deux fois par jour (13h et 15h). Le film voyagera ensuite dans d'autres villes : Béjaïa, Tizi Ouzou, Oran, etc. Une conférence de presse sera, en outre, animée par Costa Gavras pour débattre du film, mercredi à 10h 30 à la salle El Mougar. Le film sera projeté dans cette même salle en soirée à partir de 19h dans le cadre du 1er festival du film français d'Alger.