Les PME algériennes sont appelées à se mettre à niveau ou à disparaître. Et pourtant très peu ont pris conscience des risques qu'elles encourent à l'ère de l'ouverture du marché. Sur les 3800 entreprises concernées par la mise à niveau, seules 553 se sont engagées dans ce processus. Un processus de longue haleine qui se heurte, dans la majorité des cas, au manque de volonté de la part des entrepreneurs. C'est en substance ce qu'a révélé hier, Olivier Develt, directeur du programme Meda en Algérie lors du Forum hebdomadaire du quotidien El Moudjahid. Ce dernier a révélé les résultats des diagnostics et des enquêtes menées au niveau des PME algériennes. Ces investigations font ressortir des lacunes patentes en matière de management. «Les entreprises ne maîtrisent pas les règles de gestion des ressources humaines et matérielles», atteste Develt. L'autre problème concer-ne l'analyse du marché, «qui est loin d'être une préoccupation majeure des PME». Les résultats relèvent de trois principales catégories d'entreprises. La première, recèle les PME plus dynamiques qui sont en situation d'émancipation économique en prévision de l'ouverture du marché. La deuxième catégorie regroupe les PME en situation de croissance «lesquelles développent un optimisme, parfois risqué et peuvent se heurter à des obstacles si elles ne rejoignent pas la première catégorie». Quant au dernier groupe, l'on retrouve les entreprises en situation de passivité qui sont appelées à disparaître si aucun effort n'est entrepris de leur part. A l'heure actuelle, le secteur de l'agroalimentaire est classé en tête de liste des secteurs d'activité concernés par la mise à niveau, «cela répond, précise l'orateur, au souci de résorber la dépendance du pays dans ce domaine, vis-à-vis de l'Europe et de l'Asie», suivi de la chimie, pharmacie et des matériaux de construction. Dans un autre chapitre, le représentant du programme Meda en Algérie est revenu sur les garanties financières accordées par ce programme en coordination avec le Fonds de garantie des crédits aux petites et moyennes entreprises, et ce, dans le cadre du développement du secteur privé. L'on rappelle qu'il s'agit là d'un fonds de couverture financière d'un montant de 20 millions d'euros mise à la disposition du ministère de la PME et de l'Artisanat et qui sert comme une contre-garantie pour le fonds de garantie. Là aussi, le constat est peu reluisant. Seulement 19 dossiers ont été reçus depuis la mise en oeuvre de cette convention depuis 2 ans et uniquement 3 dossiers sont financés, contre 9 en attente de la décision de la banque. Develt souhaiterait «une meilleure implication des banques algériennes dans le financement de l'entreprise». Ce dernier estime qu'en Algérie il y a des entreprises plus avantagées que d'autres en ma-tière d'octroi de crédit. «Il s'agit là d'une concurrence déloyale entre ces deux catégories», insiste-t-il. Les banques en Algérie sont très méfiantes par rapport au mode de gestion des PME. C'est l'une des raisons évoquées pour justifier le nombre réduit des dossiers qui atterrissent ou arrivent au Fgar. Les entrepreneurs algériens ont aussi leur part de responsabilité. «La plupart des dossiers présentés par ces derniers, étaient médiocres», conclut-il.