Impressionnant! «En un mot, ce peuple a donné une leçon aussi bien au Monde arabe, qu'aux Européens par sa maturité et son niveau de consciences.» Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, vient de démissionner, l'Armée nationale populaire a décidé d'agir en faveur du peuple dans le cadre de la Constitution et le peuple algérien qui a émerveillé le monde a su conduire «une révolution», presque à bon port pacifiquement. Que pensent les journalistes étrangers des évènements qui se succèdent et comment qualifient-ils ce qu'ils ont appelé «la révolution du sourire»? Ce qui est sûr c'est que nos interlocuteurs de différentes nationalités, notamment du Monde arabe, sont sous le charme de ce peuple. Nous les avons rencontrés à Prague, la capitale de la République tchèque lors d'une formation qui porte sur «la manipulation de l'information» plus connue sous le nom de fake news. Fatma Badoui, Egyptienne, spécialiste dans la politique extérieure et qui a, à sa charge le dossier de l'Algérie, elle suit les évènements depuis le début et elle ne manquera pas de souligner que «l'Algérie est un exemple qui tient à son identité, son appartenance et sa culture. Le peuple a su rester fidèle à ses revendications dès le départ et a refusé tout compromis et concession. Il a surtout été remarquable en refusant l'ingérence étrangère». Notre interlocutrice qui jouit d'une longue expérience déclarera: «En suivant ce dossier j'ai pu remarquer que les Algériens étaient sincères dans leurs revendications et le plus important, c'est le caractère pacifique des manifestations et la réaction de l'Armée algérienne qui est intervenue sans transgresser la Constitution en faveur du peuple. C'est quand même impressionnant et sans précédent que des millions de manifestants sortent dans la rue sans aucun incident et que le président ait fini par répondre favorablement. En un mot, ce peuple a donné une leçon aussi bien au Monde arabe, qu'aux Européens par sa maturité et son niveau de conscience et pour finir et ça c'est un avis personnel en dehors de mon métier de journaliste: le peuple s'est lui-même tracé des limites à ne pas dépasser pour préserver la sécurité du pays.» Achraf Al Said, adjoint au secrétaire général de la rédaction au sein d'Al Ahram nous confiera: «Je suis très heureux de voir ces manifestations menées par une jeunesse brillante, voire consciente. Des manifestations qui durent depuis le 22 février sans aucune goutte de sang, sans dépassements ni incidents. Comparé à ce qui s'est passé en Egypte, il y a quelques années on sent la différence entre les peuples. En Egypte, on a permis l'infiltration des Frères musulmans qui ont été à l'origine des plus gros problèmes que connai le pays aujourd'hui comme le vol et autres dépassements. Je suis heureux pour l'unité de ce peuple, de sa fidélité envers son pays et son armée et de sa résistance dans le calme. Je veux dire merci au président d'avoir su entendre la voix de son peuple». Pour Tony Mezeraani d'origine libanaise, présentateur de la télévision Al Hadath à Dubai et journaliste d'investigation c'est aussi une immense joie «voir qu'un président dépose sa démission pour répondre aux revendications de son peuple est très rare dans le monde, notamment le Monde arabe, je suis ébahi par ce peuple et je suis sincère, c'est dé sormais un exemple contrairement aux autres pays comme la Libye, l'Egypte ou la Tunisie». Le plus magnifique dans tout cela, c'est qu'aucun pays occidental ou arabe n'a osé l'interférer, car ils savent que le peuple a atteint une maturité et un niveau de conscience extraordinaires qui dépassent l'imaginaire. Cette maturité, on ne l'a jamais vue, même dans les pays occidentaux qui prétendent détenir les clés de la démocratie. Aucune violence, enfin c'est grandiose je suis autant heureux pour la diplomatie de l'armée. Même à Prague où toutes les personnes rencontrées n'ont pas manqué de nous exprimer leur admiration en formulant des félicitations à l'endroit du peuple dont le monde aujourd'hui en parle comme un symbole de la paix et la démocratie. Pour elles, les Algériens ont donné un nouveau sens au mot «démocratie».