Il ressort de tout ce qui s'est passé ces derniers jours que l'on n'a fait que perdre du temps et de la salive. La FAF évitera, donc, l'humiliation d'une suspension par la FIFA. La réunion qui a regroupé, en tête-à-tête, sans aucune personne autour d'eux, dimanche après-midi, au siège du MJS, le ministre de la Jeunesse et des Sports, M.Yahia Guidoum et le président de la FAF, M.Mohamed Raouraoua, a abouti au résultat que tout le monde espérait, à savoir une solution qui n'amènera pas l'instance du football international à prononcer une sanction qui aurait été d'un grand préjudice pour notre sport mais aussi pour le prestige de notre pays. Ce dernier aurait pâti d'un isolement de la scène internationale footballistique après que les plus hautes autorités du pays, au premier desquelles le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, eurent consenti des efforts et fait preuve de prouesses diplomatiques pour attirer vers lui respect, confiance et considération. Après avoir reçu M.Raouraoua, M.Guidoum est allé au restaurant du Golf assister à la cérémonie de récompenses des meilleurs sportifs de l'année 2005. C'est là qu'il a annoncé les résultats de la réunion qu'il a tenue avec le président de la FAF, à savoir que l'assemblée générale élective de cette fédération, initialement programmée pour le jeudi 22 décembre, est reculée d'un mois. Il ajoutera qu'une solution au problème posé a été trouvée entre Algériens au seul bénéfice du sport algérien et de son football. M.Guidoum insistera sur le fait qu«'il n'y a ni vainqueur, ni vaincu mais que tout a été fait pour sauvegarder les intérêts du football algérien». Mais M.Guidoum n'a pas tout dit. En effet, la réunion avec M.Raouraoua a également abouti au fait que l'AG élective de la FAF se déroulera sur la base de ses statuts actuels. Cette information a été donnée à la presse par M.Raouraoua qui a indiqué qu'une nouvelle période de dépôt de candidatures va être arrêtée «pour qu'un plus grand nombre de candidats puissent se présenter pour le bien de l'esprit démocratique». Ceci, bien sûr, après avoir consulté la FIFA pour obtenir son accord. Il ressort, donc, que l'on a fait que perdre du temps et de la salive. Il n'y a même pas une semaine, le ministre soutenait que la FAF n'irait pas à l'AG élective du 22 décembre avec ses statuts actuels et qu'elle sera obligée de les mettre en conformité avec le décret exécutif 05-405 relatif aux fédérations sportives. Il répétait qu'il ne craignait pas les retombées que cela pourrait avoir à l'échelle internationale. Pourquoi, donc, en si peu de temps a-t-il changé d'opinion allant jusqu'à inviter M. Raouraoua à une réunion au MJS le dimanche. Ce même Raouraoua qu'un communiqué du MJS, élaboré et envoyé à la presse deux jours auparavant, c'est-à-dire le vendredi, cherchait à présenter sous un angle défavorable en dévoilant des sommes que la FAF aurait reçues durant ces quatre dernières années? C'est qu'entre l'intervention médiatique de M.Guidoum lundi dernier, à Blida, où il avait fait part de son jusqu'au-boutisme sur le dossier de la FAF et dimanche, jour où il a reçu M.Raouraoua, il y a eu la réunion du comité exécutif de la FIFA, le mercredi à Leipzig, une réunion à l'issue de laquelle le président de l'instance internationale, M.Joseph Blatter, a annoncé que l'AG élective de la FAF doit se tenir le 22 décembre et sur la base de ses statuts actuels, faute de quoi la FAF sera suspendue le 23 décembre. Le jeu était, donc, clair et définitif: soit on faisait jouer l'autoritarisme pour amener la FAF à amender ses statuts selon le nouveau décret sur les fédérations sportives, soit on faisait preuve de sagesse pour éviter une désillusion de plus pour un football déjà très meurtri. Et M.Guidoum a su faire la part des choses, à savoir prévaloir les intérêts du sport algérien. Un M.Guidoum qui a eu le mérite dimanche soir, lors de la cérémonie de récompense des meilleurs sportifs de déclarer: «J'ai certainement commis des erreurs et eu des insuffisances. Je vous demande de me pardonner». Un M.Guidoum qui semble ouvert au dialogue contrairement à de «mauvais génies» qui traînent dans le secteur du sport, dont certains n'en font pas partie et dont le jeu favori consiste à dire du mal d'autrui au risque de mener le pays et son sport vers l'humiliation. Cela dans le seul but d'assouvir leurs intérêts personnels. A partir de là, que peut-il se passer? La FIFA va certainement accepter la requête que lui présentera la FAF pour reporter d'un mois l'AG élective. Elle ne pourra qu'accepter parce que la demande émane de la FAF elle-même qui indiquera que l'AG se déroulera selon ses recommandations sur la base de ses statuts actuels. L'AG élective aura, donc, lieu aux environs du 22 janvier avec probablement plusieurs candidatures dont certaines seront issues du quota de personnalités (14 au maximum) désignées par le ministre sur une liste que lui proposera la FAF. Une fois que cette fédération sera dotée d'une nouvelle équipe dirigeante élue, elle procèdera à la mise en conformité de ses statuts avec le décret exécutif sur les fédérations sportives. En réalité, on devrait parler de mise en conformité avec l'annexe dudit décret. Car c'est là que se trouve la vraie solution du problème. En effet, le décret en lui-même, signé du chef du gouvernement, M.Ahmed Ouyahia, ne comporte aucun texte ou article contraignants. C'est l'annexe, qui vient en rajout, qui pose problème puisqu'il s'agit d'un statut-type élaboré pour l'ensemble des fédérations sportives. Ce statut-type indique, donc, la possibilité qu'a le ministre de désigner 30% des membres de l'AG, de convoquer à tout moment cette AG et ne donne pas plus d'un mandat pour chaque président et bureau fédéral élus. Trois dispositions que la FIFA a dit ne pas accepter allant jusqu' à affirmer qu'elle ne reconnaîtrait pas le président et le bureau fédéral de la FAF élus sur la base de ce statut-type. Ce texte est, donc, appelé à être appliqué que partiellement étant entendu que chaque fédération a sa spécificité en matière de relations avec l'instance internationale à laquelle elle est affiliée. Avant l'été 2006, la FAF aura son équipe dirigeante qui exercera dans les normes des statuts qu'elle se donnera en tenant compte des recommandations du Congrès de la FIFA de septembre 2005 à Marrakech. Ensuite, ce sera une toute autre histoire où il sera question d'une politique qu'il conviendra d'élaborer pour le football, une politique de formation et de développement basée sur les ligues et sur les clubs, socles de tout l'édifice, pour lesquels une restructuration doit être entamée et pour lesquels des moyens doivent être dégagés sans quoi toute entreprise de renouveau est vouée à l'échec.