Beyrouth a de nouveau été soulevée hier par un attentat qui a coûté la vie au journaliste et député Gibrane Tueni. Un nouvel attentat a ébranlé hier la capitale libanaise lors duquel a été tué le journaliste et député libanais Gibrane Tueni, son chauffeur, Nicolas Flouti, et quatre autres personnes alors que l'on a dénombré, selon la police et les secouristes, une dizaine de blessés, dont au moins deux gravement atteints. Gibrane Tueni (48 ans), directeur de l'influent quotidien beyrouthin, Al Nahar, a joué un rôle prépondérant ces derniers mois dans la vie politique libanaise en étant, notamment, l'un des premiers à réclamer la constitution d'une commission d'enquête internationale dans l'affaire de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafik Hariri. De fait, Gibrane Tueni, père de quatre enfants, dont deux petites jumelles nées il y a quelques mois, a été un des leaders de la « révolution du Cèdre » qui a suivi l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafik Hariri et qui a conduit notamment au départ, en avril dernier, des forces syriennes du Liban. L'assassinat de cet anti-syrien patenté brouille un peu plus les cartes et met Damas dans une situation rien moins que confortable. De fait, le chef druze Walid Joumblatt, l'une des personnalité de proue du champ politique libanais, n'a pas hésité hier, quoique indirectement, à pointer un doigt accusateur sur la Syrie en déclarant à la chaîne privée LBC: «Le message terroriste nous est parvenu (...). Quelqu'un a menacé à la télévision de faire payer au monde entier le prix (d'éventuelles sanctions contre la Syrie)». M.Joumblatt qui a accusé à plusieurs reprises Damas d'ingérence dans les affaires du Liban, a ajouté: «Les menaces ne nous font pas peur et nous continuerons notre combat pour l'indépendance du Liban et réclamer de faire la vérité sur l'assassinat de Rafik Hariri». L'establishment politique libanais était hier sous le choc après l'assassinat de Gibrane Tueni qui vient après une longue série qui a débuté en septembre de l'année dernière par la tentative, avortée, d'assassinat du député Marwane Hamadé, actuel ministre des Télécommunications du cabinet de Fouad Siniora. Justement il se trouve que Gibrane Tueni est le neveu de Marwane Hamadé lequel a menacé hier de démissionner du gouvernement si le Conseil des ministres ne se réunit pas avant lundi soir (hier) «pour demander une enquête sous l'égide du Conseil de sécurité de l'ONU sur tous les crimes commis par la Syrie» au Liban. Notons que l'attentat a eu lieu à la veille d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU qui doit examiner le rapport d'étape du chef de la commission d'enquête sur l'affaire Hariri. Gibrane Tueni, patron du journal à grand tirage Al Nahar, où ses articles se remarquaient par leur virulence anti-syrienne, a joué un rôle important dans les événements de ces derniers mois au Liban, appelant notamment à la constitution d'un tribunal international dans l'optique de juger l'assassinat de Hariri et, subsidiairement, les «crimes» attribués à la Syrie, au Liban, Damas ayant été mise en cause par le rapport de la commission d'enquête de l'ONU dirigée par le juge allemand, Detlev Mehlis. La première réaction syrienne à l'attentat qui a coûté la vie au député Gibrane Tueni, est venue du ministre de l'Information Mehdi Dakhlallah lequel a affirmé hier à la chaîne libanaise privée LBC que «l'ingérence étrangère est à l'origine du chaos actuel» au Liban. «J'ai dit que c'est l'ingérence étrangère qui est à l'origine du chaos actuel qu'ils (les forces étrangères) qualifient de chaos constructif et que j'appelle chaos destructif», a déclaré le ministre syrien, en «dénonçant avec force» l'assassinat de Gebrane Tuéni, dans un attentat à Beyrouth. «La Syrie dénonce tous les attentats quelles qu'en soient les victimes», et réaffirme que «quelles que soient ses divergences avec telle ou telle personnalité, elle ne souscrira jamais à ces méthodes (les attentats), qui sont utilisées par les nombreux ennemis du Liban», a-t-il ajouté. Le dernier attentat au Liban a été celui commis le 25 septembre dernier contre le journaliste May Chidiac, grièvement blessée dans l'explosion d'une bombe placée sous sa voiture. Au total, de la tentative avortée contre M.Hamadé en septembre 2004 à l'assassinat hier de Gibrane Tueni, treize attentats terroristes ont été comptabilisés à Beyrouth et ses environs, en un peu plus d'une année, mettant le Liban sur une poudrière.